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 rozam blog

7bis. La Paresse (suite)

2 Juillet 2010 , Rédigé par rozam

  (suite)

 

*****
Oscar massa ses tempes affaiblies par le manque de sommeil. Elle avait trouvé refuge dans l’un des salons de travail du rez-de-chaussée, délaissant volontairement ses appartements. Elle s’accouda au bureau puis, décidément trop fatiguée, se laissa choir contre le dossier de son siège.
Que faire…Mais pourquoi cette question me taraude t-elle sans cesse, quels que soient mes choix ! Pourquoi toujours décider, de tout. Pourquoi n’ai-je jamais droit à me laisser aller à cette douceur, cette innocence d’esprit, m’en remettre aux évènement…Me laisser porter, être légère…
Ne plus sentir ce poids qui pèsent tant sur mes épaules. Je ne sais plus où j’en suis à vrai dire, désormais je n’ai plus qu’une idée à peu près claire je crois : me perdre dans tes bras…
Mon Dieu, nous sommes définitivement devenus fous. Je le suis, moi, et j’adore cela si tu savais ! Je ne me reconnais plus, tant de passion…me surprend je l’avoue.
Je ne savais pas. Je ne connaissais pas l’amour, tel que tu me l’as fait découvrir…mais…est-ce que je t’aime après tout, véritablement ?
André, André peut-être suis-je une impie de penser de la sorte mais j’en viens à me demander si ce que je ressens est réellement de l’amour ! Je me sens si…désemparée, une telle puissance, presque une destruction de toute raison qui me fait peur. Avec Fersen c’était si différent…oh jamais je n’aurais cru pouvoir repenser à cela, mais…pour Fersen jamais je n’ai rien éprouvé de comparable.
Je me souviens…je me souviens de sa voix, de son sourire…mon cœur battait à tout rompre lorsque je le regardais. Mais toi André, c’est mon corps que tu fais battre aujourd’hui, avec une telle intensité…je…cela m’emporte.
En dépit de tout.
J’aime tes baisers, tes caresses, ta force. J’ai besoin de toi. Mais pour autant, est-ce que je t’aime ?
Pourquoi me poserais-je la question, si c’était le cas ? Ne devrais-je pas être heureuse, simplement heureuse sans plus chercher de réponses au malaise que je sens en moi…Comme…comme un menace qui planerait sans cesse au-dessus de nous.
Hier je te haïssais. Je le croyais, avec violence…et à présent tes mains sur moi je ne peux plus m’en passer, j’en ai un besoin vital, telle la folie qui nous a prise tout à l’heure. J’ai mal de me contenir, si tu savais !
Je dois t’aimer alors, car sinon je ne ressentirais pas ce déchirement, horrible, quand je ne te sens plus près de moi…mais je veux plus, et je ne sais pas ce que c’est.
Faudrait-il que…que je parle à mon père…lui dire…ce que je ressens pour toi ? Tout cela me fait peur.
Je n’ai plus de courage, soudain. Je voudrais m’endormir, à côté de toi, et ne plus penser…
Me laisser aller, ne plus rien devoir décider, juste te sentir me faire l’amour et rien d’autre.
Je défie Dieu, je défie mon père, et pourquoi ? Pour quelques instants de plaisir et…non ! Ce n’est pas cela.
Cette force qui m’emporte quand je sens tes lèvres…je…je les voudrais toujours sur ma bouche…Et pourtant je ne sais pas si je t’aime, André. Je ne te le dirais peut-être jamais. Si tu ne m’avais pas fait découvrir l’homme que tu étais…jamais je n’aurais levé les yeux vers toi...Cela me tourmente…peut-être un jour aurais-je compris ton amour, mais d’une autre manière, ou jamais…Comment savoir !
Ma jalousie existait bel et bien pourtant, alors pourquoi cette incertitude ! J’aime ce que tu provoques dans chaque partie intime de mon corps, je te veux, à tout moment.
Et je ne sais plus que décider…


Oscar se redressa, prit une plume pour tenter d’échapper à la langueur qui l’envahissait, tenta d’écrire quelques lignes. Elle se sentait perdue mais heureuse, indéniablement. Néanmoins elle s’était enfuie à l’instant et cela prouvait que quelque chose n’était pas à sa place dans le secret de ses pensées.
Le bruit de la porte la fit sursauter, mais un profond soupir de soulagement accueillit la cause de tous ses délicieux tourments.
Quelle chose étrange…dès que ses yeux le contemplaient tous ses maux s’envolaient.
Sitôt qu’il eut franchi le seuil et refermé la porte, André s’empressa de poser sur le bureau le plateau chargé des douceurs préparées par Grand-Mère, et sans attendre contourna la table pour tomber à ses genoux.
Il lui prit les mains et les embrassa douloureusement.

- « Oscar…tu souffres et je ne peux rien faire, je ne suis d’aucune aide…Je ne peux que me taire pour ne pas te trahir, et cela me semble si dérisoire… »


Elle prit son visage et le força à la regarder. Glissa de sa chaise pour se mettre à genoux elle aussi, le serrer contre elle. Elle le pressa si fort au point d’en perdre le souffle. La même envie, les mêmes tourments…il éprouvait en tout point ce qu’elle ressentait, le désordre des sentiments le blessait tout comme elle.
- « Qu’allons-nous faire André, dis-le moi ! »

Ils s’embrassèrent, en une étreinte qui n’avait rien de tendre. Puis elle cacha son visage dans la chaleur de son cou, le respira, laissa errer ses lèvres sur sa joue puis contre le lobe de son oreille.
- « J’ai envie de toi, si tu savais. A chaque instant. Suis-je anormale André ? Sommes-nous des monstres pour nous désirer autant ? »

Il ne répondit pas. A quoi bon ? Cela n’était plus nécessaire désormais. Leurs souffles parlaient pour eux, leurs corps tendus à se rompre. Elle finit par se rasseoir, il l’y aida mais resta à ses pieds, la tête posée sur ses genoux. Oscar essuya nerveusement une larme d’un revers de main avant de la plonger dans la chevelure ébène. Il fallait réfléchir. Elle se devait de prendre des décisions. Agir. Mais pourquoi cette faiblesse, toujours, lorsqu’il était là ? Sa chaleur. Ses mains…oh pourquoi n’arrivait-elle plus à penser normalement…

- « Moi aussi je me la pose cette question Oscar : sommes-nous condamnables d’avoir fait l’amour ? En cela je suis le seul fautif : je t’ai tenté, je t’ai séduite. J’ai employé tous les moyens en mon pouvoir pour te montrer à quel point je t’aimais. Et je ne regrette rien…même si j’ai peur qu’un jour tu ne m’en veuilles…»
- « T’en vouloir…mais il ne s’agit même plus de cela André ! Ce qui me torture n’est pas d’avoir fait l’amour avec toi, c’est de l’avoir voulu si fortement ! De le désirer, encore, dès l’instant où je te regarde ! Mon éducation m’a appris à croire que ce que j’ai fait avec toi est un péché mortel, le pire de tous. Mais je ne peux m’en convaincre. Je n’y arrive pas, au point qu’il m’est devenu complètement égal de brûler dans toutes les flammes de l’Enfer du moment que c’est avec toi… »

Il releva brusquement la tête.
L’émeraude exprimant si fort ce même besoin charnel, cette flamme qu’elle se plaisait à attiser en sa présence.
Elle étouffa un sanglot lorsqu’il embrassa passionnément ses cuisses, ses mains soudain autour de sa taille comme en vénération. Elle s’offrit, malgré elle, avec une joie quasi sauvage pour l’accueillir plus étroitement, creusa ses reins et écarta les jambes alors que des larmes affamées perlaient à ses yeux en voyant sa frénésie à le voir chercher le centre même de sa jouissance. A vouloir la même chose qu’elle. Il repoussa la robe de chambre, balbutiait des phrases incohérentes d’adoration, de joie maladroite, enfoui son visage au creux de sa taille. Elle se dressa violemment quand il posa sa bouche sur son sexe, même si l’intensité ne réussit pas à l’arracher de la réalité.
- « Non André ! Pas ici ! »

Elle le repoussa, avec la même hargne qu’elle avait de vouloir faire l’amour, ici justement.
A en devenir folle. Il fallait lutter contre cela, ce n’était pas humain de ressentir de telles choses !
Elle se détourna et échoua son accablement sur le bureau, s’accouda en se prenant la tête entre les mains. Elle était si fatiguée. Si intensément, si délicieusement fatiguée…se laisser aller à cette langueur…et pourtant une telle énergie coulait dans ses veines, un désir immense qui palpitait dans la moindre fibre de son être. Elle sentit qu’il appuyait doucement son front contre son bras.
- « Pardonne-moi. Moi aussi je te désire avec une telle intensité que j’en oublie tout. »
Ils restèrent ainsi de longues minutes, tremblants, sans oser parler.
Puis il se releva, remarqua son abattement.
- « Et toi qui n’as encore rien mangé… »
- « Je ne peux rien avaler. »
- « Ce n’est pas ce que tu disais tout à l’heure. »
- « Je…André je suis perdue, jamais j… »
- « Tais-toi. Pour une fois dans ta vie, laisse-moi m’occuper de toi, vraiment. Oublie tout, même si cela n’arrange rien, juste pour quelques heures ou quelques jours, nous verrons bien. Ne pense pas aux conséquences même si c’est la pire folie imaginable. Et pour commencer mange un peu. »

Il lui tendait une tasse de chocolat avec son irrésistible sourire par-dessus, et c’est à lui qu’elle rendit les armes. Elle trempa ses lèvres, puis but avec reconnaissance parce qu’elle avait faim, énormément en effet malgré les troubles de son âme.
Rassérénée mais guère apaisée elle posa la fine porcelaine, soupira de lassitude.
Ce qui fut loin de satisfaire le jeune homme. Il revint à la charge.
- « Mange, je t’en prie. »
- « Non…Laisse-moi. »
- « Attention ne m’oblige pas à te torturer ! »


Il était penché sur elle, à demi assis, Oscar le regarda pensivement. Etait-ce cela, l’amour ? Cette légère ivresse qui renversait soudain le cours des choses rien qu’à le regarder sourire ? Admirer cette tendresse qui émanait de lui sans pouvoir clairement la définir ? Sentir son corps frémir à la plus anodine de ses paroles, imaginer les pires délices quand il la regardait de cette façon…
- « Me…torturer…Voilà qui commence à…m’intéresser… »
Entendre sa voix s’altérer, se changer en murmure presque rauque au fond de sa gorge, c’était cela aimer ?
Entendre sa respiration lui faire défaut, et cette chaleur intolérable grandir très doucement au creux d’elle-même. Ne plus écouter la voix de la sagesse, laisser grandir à nouveau la flamme secrète de ses désirs et murmurer, au lieu de se taire :
- « …et comment comptes-tu t’y prendre ? »
Il s’activa brièvement vers le plateau.
- « Comme ceci. »

Mon Dieu…Sans pourvoir esquisser le moindre mouvement Oscar reçut contre sa bouche deux lèvres légèrement enduites d’une fine pellicule de miel, qui se firent un devoir de lui en faire pleinement goûter la saveur.
Pour Oscar l’amour eut désormais un goût sucré. Doux.
Quoique un peu collant.
Non…Fondant.
Elle mit plusieurs secondes à rouvrir les yeux après qu’il se fut détaché d’elle.
Et recommença à respirer, tant bien que mal.
- « C’est… »
Voilà, comment était-ce ? Excellente question. Totalement…indéfinissable.
- « Encore… »

Le seul mot intelligible qu’elle puisse dire alors que sa raison lui criait au contraire d’arrêter tout cela, qu’il cesse de la…torturer. Il avait utilisé ce mot…elle ne savait plus. Son cerveau était définitivement hors de fonction. Un océan de sensations à la place, et elle ne songeait qu’à y plonger corps et âme…encore, toujours plus…Il reprit un peu de miel et resta parfaitement passif, il se pencha mais la laissa venir à lui ; et c’était encore plus érotique. Innocent. Par le simple fait de capter sa lèvre inférieure, doucement, sans aller vite, de laisser la chair moelleuse s’insérer entre les siennes et l’aspirer, lécher la moindre particule de suavité liquide pour finalement la transformer en baiser. Ils ne souriaient plus. Attentifs à ce feu dévastateur qui mordait le ventre, chaque muscle. Le regard voilé Oscar remonta le long de la silhouette qui tout comme elle respirait profondément, lourdement.
Elle passa sa langue sur ses lèvres.
- « On devrait me brûler pour ressentir ce que je ressens…Mais tous les sermons n’y pourraient rien : j’ai faim de toi, et je ne peux lutter… »

Elle se leva, déjà au-delà de la réalité, hypnotisée par cette bouche luisante de promesses. Elle se détourna une brève seconde pour à son tour cueillir de le pointe de son doigt un peu de liquide ambré et en laquer ces lèvres viriles si tentatrices. Elle prit sa bouche comme la plus exquise des gourmandises et mis sa langue tout contre la sienne en murmurant son délice, ce privilège qu’il lui accordait pour elle seule. Si délectable, au point de ne plus vouloir s’arrêter jamais. Elle plongea encore son doigt, à tâtons, pour ne pas délaisser un seul instant pareille saveur, l’immergea totalement. André ferma les yeux quand elle lui offrit complètement son index, il en suça la chair puissamment avant de reprendre sa bouche de manière toute aussi urgente, presque brutale. Cela devait être cela, l’amour…
Oscar se martelait que c’était folie, impensable, indécent en ces lieux où à tout moment on pouvait les surprendre. Mais cela n’avait plus aucune espèce d’importance. Elle quittait presque son corps, son esprit se brouillait.
Elle se faisait instinct.
Et pour elle cela restait beau ; prendre ce qu’André lui donnait, y répondre, franchir les limites. S’aimer, au-delà du raisonnable.
Elle se pressa contre lui.
- « On ne devrait pas, n’est-ce pas…faire ça…ici…André ? »
- « N…non. »


Il prit une rasade de miel contre la pulpe de ses deux doigts, et elle crut qu’il devenait fou quand il lui macula non pas ses lèvres mais son menton… jusqu’à ce que sa bouche se referme sur la tendre courbe, léchant les gouttes qu’il avait égarées là…exprès. Elle sentit un regain de vigueur la lacérer, ses yeux frémirent de le sentir aspirer la commissure de ses lèvres puis descendre encore, sur sa gorge.
- « An…André, pas ici…»
Ça, c’était sa raison qui venait de supplier, tout au contraire elle se ploya vers lui quand d’un coup sec il écarta le col de sa chemise pour déposer un peu de nectar sur sa peau nue, sur un des grains de beauté qu’elle avait là. Elle défaillait de se sentir déguster de cette manière, laissant échapper des paroles de plus en plus inintelligibles.
- « Non An…dré…Si quelqu’un entrait…je…nous ne…oooooooh ! »

Il dut la ceinturer au creux des reins pour qu’elle ne tombe, quand son sein brusquement dénudé reçut la caresse liquide du miel. Il noya l’auréole rosée sous cette substance merveilleusement collante et y plaqua sa bouche, Oscar très vite abandonnée de toutes forces à chaque succion, incapable de plus se tenir debout. Sans jamais lâcher ce téton durement dressé il l’aida à se rasseoir, à se laisser tomber plutôt, tous deux complètement déchaînés de passion. Elle se renversa au fond de sa chaise.
- « Aime-moi André, maintenant...ici ! »
Toujours sur elle, partout, l’embrassant, la goûtant, il batailla avec les cordons de sa robe de chambre, puis les attaches de son pantalon d’homme, l’ouvrit.
Sans plus clairement savoir ce qu’elle faisait Oscar prit un peu de nectar ambré pour l’égarer sur son propre ventre, protesta de jouissance quand il dévora sans attendre la chair blanche, jusqu’à la mordiller, ses mains sur elle et son pantalon pour atteindre ses cuisses moites de désir…
Déjà ils se laissaient glisser au sol quand un brouhaha dans les couloirs les prévint d’un danger effroyable.

Pire que tout ce qu’ils avaient imaginés jusque là.

Le désespoir les cloua touts les deux, exsangues, pris dans les filets de cette étreinte de nouveau avortée. Mais le danger imminent fut à la hauteur du total affolement qui les gagna.
Eperdue Oscar prit soudain conscience de la situation et du désordre effroyable de sa mise, celle d’André qui ne valait guère mieux. Tant bien que mal elle referma précipitamment sa robe de chambre sur sa chemise ouverte et son pantalon déjà à demi baissé. Des monstres oui, des impies qui ne respectaient rien ! Et ils allaient chèrement le payer…car des éclats de voix furieuses s’élevaient au loin, de plus en plus précises.
Une épouvante.
Le Général de Jarjayes en personne approchait, accompagné des glapissements de Grand-Mère.

Honte…
Oscar crut être revenue quelques semaines en arrière lors du sermon de l’évêque de R., et cette fois le Jugement de Dieu allait bel et bien s’abattre sur eux par la bouche de l’intransigeant militaire qui jamais n’admettait de réplique. Comment avait-il su…car il savait tout, à n’en pas douter ! Vu la fureur qui fondait sur eux cela ne pouvait en être autrement. Avaient-ils crié, à l’instant, sans s’en rendre compte, éblouis par leur folie délicieuse ? Mais oui évidemment, ils perdaient la tête…et ils avaient gémi sans doute, toute la maisonnée devait être au courant à présent ! Excommuniés…André chassé sur l’heure…et elle, déshéritée…Oscar eut la flamboyance du désastre imminent.
Se taire.
Mentir.
Le sauver, coûte que coûte.
Elle jeta un regard de noyé au jeune homme.

- « Oh bon sang, nous sommes perdus, redresse-toi André, fait semblant d’être calme ! »
- « Foutre dieu Oscar, je ne peux pas ! »


Avec effroi Oscar découvrit alors la formidable érection qui déformait l’entrejambe du jeune homme, et à moins d’être un superbe idiot il ne faudrait pas plus d’une demi seconde à son père pour comprendre ce qui venait de se passer. Et le Général son père était très loin d’être idiot.
Le cœur de la jeune femme menaça de s’arrêter de battre.

- « Je…je…bon sang cache-toi ! Immédiatement ! »
- « Comme un vulgaire voleur ? Jamais je… »
- « Je sais c’est horrible mais nous n’avons pas le choix, je t’en prie ! »
- « Cela sera donc toujours comme ça désormais ! Et ce désir, tu crois qu’il est si facile à maîtriser ? »
- « Oui ! Non…je …je ne sais pas mais ce n’est pas le moment de philosopher ! Cache-toi bon sang ou je te tue ! »
- « Grand Dieu mais j’ai envie de toi Oscar ! »
- « Tais-toi ! »


De grands coups rageurs tambourinèrent soudain contre la porte.
- « Mon fils, vous êtes là ? »
- « Ou…oui Père ! En…Entrez, je vous en prie ! »


Un courant glacial traversa la pièce.
Un regard.
Plus dense que l’azur du blond militaire mais avec ce même éclat indompté.
L’orgueil des Jarjayes.
Une poigne extrêmement ferme referma la porte, et une silhouette qui ne l’était pas moins avança résolument vers le bureau.
Le Général de Jarjayes venait de l’ancien monde.
Celui pétri de valeurs et d’honneur moral, de probité, de noblesse bâtie sur le seul mérite parfois de compromis mais jamais de lâcheté. Sa propre personne importait peu, seul son titre avait quelque valeur et chèrement défendu, par le sang, afin de toujours marcher comme il le faisait à cet instant. Tête haute, le regard droit.
Le Général n’avait pas le genou courtisan, il ne se ployait devant quiconque. La sévérité qu’il imposait à chacun il se l’imposait avant tout à lui-même, et entendait à ne jamais être repris sur ses paroles. Le contrer, c’était injurier sa caste. Lui tenir tête, une insulte faite à la mémoire de ses ancêtres.
Sec, aride en apparence, portant perruque comme se doit tout aristocrate qui se respecte, il n’admettait aucun laisser-aller dans sa maison, tant moral que physique d’ailleurs, et c’est un œil déjà fortement réprobateur qui glissa sur la robe de chambre maladroitement serrée, avant d’englober le reste de la pièce. Vide.
La voix fut à l’image du froid regard.

- « Fort bien mon fils, vous êtes seul. Grand-Mère m’affirmait à l’instant qu’André était ici mais elle se trompait apparemment. Cela me convient car des échos fort déplaisants me sont parvenus, dont je voudrais vous entretenir sur l’heure. »
- « Mm…mais avec joie, Père. Vous savez que je suis heureuse hum...heureux de nos conversations, trop rares je le déplore. »
- « Oui, certes. »
- « Prenez place, je vous en prie. »
- « Non je préfère rester debout pour cette conversation qui n’a rien d’agréable ! »


L’esprit confus, respirant par intermittence, Oscar vit avec un rien de soulagement son père s’éloigner vers les portes-fenêtres pour y puiser un peu de réflexion, la mine profondément contrariée en effet.
Elle en profita pour jeter un coup d’œil aussi furieux que désespéré à André, tapi de façon malcommode…sous son bureau.
Par bonheur ce meuble faisait partie d’une collection intéressante ramenée de Saxe, où la partie externe se composait d’un panneau de bois plein et orné de marqueteries, occultant complètement le jeune homme.
Avalant sa salive avec beaucoup de difficulté Oscar lui envoya un discret coup de genou pour qu’il se tienne tranquille. Repousser surtout ses mains qui s’obstinaient à venir se poser sur le velours entortillant ses jambes, pour très légèrement continuer à les caresser…Mais comment pouvait-il penser à cela en un moment pareil ! Il est vrai que dans l’état d’excitation où ils se trouvaient…Elle-même avait du mal à s’en remettre.
Elle lui lança un regard assassin qui en disait long. Puis reporta tant bien que mal son attention sur son père : le désastre était déjà largement consommé elle jugea inutile d’éluder l’épouvantable orage qui se préparait. Elle attaqua résolument.

- « Et bien Père, de quoi souhaitez-vous me parler ? Et pardonnez-moi pour ma tenue mais j’avoue que ce matin je me sens…quelque peu…fatigué. »
Une caresse plus accentuée sous la table faillit la faire sursauter.
Le traître…Elle se concentra sur ce visage sévère qui se tournait vers le sien.

- « Laissons cela, à condition que cela ne se reproduise plus. Je n’aime pas ces nouvelles mœurs qui consistent à ce que les domestiques puissent voir leurs maîtres en tenues négligées. C’est parait-il la dernière mode mais cela donne lieu à des racontars que je trouve grotesque et malséants. Sur ce, venons-en au fait : je suis au courant de ce qui se passe entre vous et André, mon fils ! Et j’en suis extrêmement mécontent figurez-vous ! »

Oscar se sentit pâlir mais serra les mâchoires pour se donner du courage. Il savait…
Un léger bruit mat prouva d’ailleurs qu’André venait à son tour de sursauter d’effroi en se cognant la tête ou dieu sais quoi d’autre, le forçant à suspendre tout geste de ses mains ; ce qui était déjà appréciable pour sa concentration.

- « Ce…ce qui se passe… ? Je ne vois pas ce que vous voulez dire… »
- « Ne me prenez pas pour un imbécile je vous prie ! »


Elle n’osait plus respirer, et son palais fut décidé lui aussi à ne plus assumer ses fonctions.
Oscar regarda l’uniforme galonné revenir vers elle, comme prêt à la déchiqueter.
- « Croyez-vous que j’allais tolérer pareil comportement ? C’est une honte mon fils, vous devriez avoir honte d’agir comme vous l’avez fait ! C’est à vous de donner l’exemple infaillible de notre nom, en toute circonstances, et vous voir vous comporter comme…comme…un chiffonnier me remplit du plus suprême mépris ! »
Oscar sentit son sang se mettre résolument à bouillir. Même si le terme « chiffonnier » la déstabilisa il agit aussitôt sur son orgueil comme un aiguillon. Cela se passait invariablement comme cela à vrai dire, entre elle et ce père qu’elle adorait défier. L’azur se chargea à son tour de sombres nuages.

- « De mépris ? Mon Père vous me connaissez suffisamment pour savoir que jamais je ne recule face à mes responsabilités ! Et que je n’ai pas pour habitude de me laisser lancer des accusations sans explications valables ! »
- « Ne me parlez pas sur ce ton ! »
- « Alors parlez clairement ! »

Ils s’affrontaient, ouvertement. Intentionnellement. Comme une forme étrange, curieuse, extraordinairement alambiquée de fierté réciproque. Si semblable l’un et l’autre, entiers et acérés sans jamais vouloir se montrer tendres. En perpétuel rapport de force pour se montrer à la hauteur des espérances qu’ils se forgeaient eux-mêmes. Malgré l’effrayante situation dans laquelle elle se trouvait Oscar retrouva les automatismes, ne pouvant décemment se lever elle se redressa néanmoins de toute sa hauteur sur son siège. Bien que son malaise emprisonnait toujours son cœur. Et les mains d’André ses genoux.

- « Et que voulez-vous dire par chiffonnier ! Utilisez les termes qui vous chantent mais certainement pas celui-là ! Au risque de vous choquer davantage je ne tolèrerai pas ce mot, jamais, pour qualifier ce qui vient d’arriver effectivement entre André et moi ! Et de cela je n’aurais jamais honte ! Pas une seconde ! Je suis fière au contraire de ce que j’ai fait avec André, au-delà même de ce que vous pouvez imaginer !»


Estomaquée par sa propre audace mais réalisant trop tard que ses sentiments l’avaient pour une fois menée là ou elle voulait, elle eut du mal à rester impassible lorsque la bouche du jeune homme étreignit passionnément ses jambes pour les embrasser de reconnaissance. Même de manière incomplète, elle venait enfin de s’engager sur ce chemin que toujours on lui avait refusé : celui de la vérité.
André venait de le comprendre et éperdu se pressait contre elle, la couvrait de baisers silencieux. Elle avait pris sa défense…C’était certes émouvant mais Oscar perçu davantage l’effet troublant que cela avait, les sourdes pulsions de tout à l’heure revenaient en force, ce qui n’était d’ailleurs pas bien difficile puisqu’elles n’étaient jamais parties ; terriblement mal à l’aise sous ce feu qui s’emparait de son corps elle fit un mouvement du genou pour qu’il cesse.
Peine perdue.
Lui aussi devait sentir quelques pulsions car il redoubla d’ardeur. En un geste désespéré elle passa une main sous la table pour au moins lui tirer les cheveux et le faire arrêter. Mais plonger dans la masse soyeuse de sa chevelure fut encore plus troublant et la manœuvre se changea malgré elle en caresse, les boucles brunes s’enroulant voluptueusement autour de ses doigts. Elle déglutit en comprenant trop tard que sur André cela avait le même effet, un effet plutôt…encourageant.


Son père quand à lui se planta face au bureau, furieux.
- « Comment osez-vous parler ainsi, fils dénaturé ! Je ne vous ai pas inculqué des principes pour que vous les fouliez ainsi en paroles, comme de vulgaires billevesées ! Et j’entends à ce que vous continuiez de respecter ce qui fait l’honneur des Jarjayes aussi je vous somme, non, je vous ordonne de présenter vos excuses à André dans les plus brefs délais !!»

La foudre parut tomber au milieu du salon. Bouche bée, elle resta complètement sonnée pendant quelques secondes. Des…excuses ?! Mais qu’est-ce que c’était que cette histoire ! De quoi parlait-il…et André qui n’arrêtait pas un instant de la tourmenter, de…Confondue, Oscar sentit soudain un pan de sa robe de chambre s’ouvrir doucement…

- « Intolérable ! Vous m’entendez ? Intolérable de vous donner ainsi en spectacle, toute la domesticité commence à en faire des gorges chaudes ! Et il a fallu que ce soit Grand-Mère qui vienne me conter toute l’histoire car elle n’en peut plus non plus cette pauvre femme ! »

Elle voulut répliquer mais l’autre versant de son vêtement l’abandonnait tout aussi sûrement…

- « Et croyez-vous qu’il me soit agréable d’apprendre de pareils ragots de si bon matin ? Pour m’entendre dire que vous êtes fier de vous être si mal conduit avec André en plus ! Alors que ce garçon est un modèle de dévouement, vous devriez avoir honte. »

Oscar se sentit glisser dans le brouillard la plus total, ne comprenait pas un traître mot du flot de paroles qui se déversaient sur à elle car bien plus attentive à paraître stoïque, à cause de ce qui se passait sous la table : un souffle délicieusement saccadé fut soudain très près de ses genoux suivies de deux mains larges et chaudes qui se traînèrent jusqu’à ses hanches. Affreusement lentes et sensuelles pour venir se saisir de ses vêtements déjà mis bien mal en point…
Effarée, elle eut beau serrer frénétiquement les jambes, une  pression attira ses pantalons vers l’abîme dévoilant peu à peu sa peau à ce souffle caressant. Après une très héroïque mais brève résistance le vêtement ne tarda pas à tomber sur ses chevilles…bonté divine ! Non !
Mais quel démon le tenaillait, ce…Il n’allait quand même pas faire…ça…Il n’allait pas oser !

Si.

- « Des…romanichels, voilà pour quoi nous passons à cause de vous ! Et je ne veux pas savoir qui est le fautif car pour moi c’est vous mon fils, vous seul qui devez assumer toutes les fautes de cette lamentable situation ! »

Mais bon sang quelle situation…celle qu’elle vivait était autrement plus dramatique, merveilleuse : André dégageait ses jambes de toutes entraves et achevait de les mettre nues, sans qu’elle puisse rien faire…

- « Grand-Mère s’obstine à me faire croire qu’André est seul en cause mais je ne veux rien savoir, rien entendre ! Vous êtes un Jarjayes, c’est donc à vous de donner l’exemple ! Non mais de quoi avez-vous l’air avec vos disputes, pouvez-vous me le dire ? Même si ce terme vous déplait je le redis : des chiffonniers, oui ! Vous avez l’air de chiffonniers André et vous. Prenez-vous cette demeure pour une place de marché ? Je ne tolère pas que l’on crie de cette façon sous mon toit aussi vous allez régler dans l’heure ce différent avec lui ! Et je ne tiens pas savoir ce qui vous oppose, sachez-le.»

Oscar essaya de sortir de la tornade embrumée qui dévastait son cerveau. Dispute…différent avec André ?
Oh mon dieu…Sa colère…leurs déchirements perpétuels…l’animosité qu’elle affichait ouvertement vis-à-vis du jeune homme ces dernière semaines…Voilà ce qui amenait son père ici ! Et pas le fait qu’elle éprouvait depuis cette nuit de tout autres sentiments pour c…Oh ! Elle pria pour que son coup de rein involontaire passât inaperçu : une chose légèrement liquide venait d’être déposée à la naissance de son genou.
Oscar avisa avec horreur que le pot de miel manquait sur le plateau…

- « Des enfants turbulents, irresponsables, voilà ma récompense ! Vous en prendre à André pour je ne sais quelle futilité sans doute, au point de remplir cette maison de vos stupides querelles ! »

Avec tout le maigre courage encore à sa disposition elle réussit à continuer de fixer ce père colérique, de ne surtout pas fermer les yeux sous l’approche d’une bouche venue capter ce nectar, par de très légères rotations de langue sur sa peau nue. Elle déglutit avec infiniment de peine.
Oh ça…tu me le paieras.
Je vais te tuer André, à la première occasion. Tu…me faire ça…à quelque pas de…je te hais ! Il faut que je résiste, il le faut…et ne compte pas sur moi pour me laisser prendre à tes…oooh !

Au-delà des affolantes dégustations elle perçut enfin les mains du jeune homme derrières ses genoux, qui la caressaient là du bout des doigts pour affaiblir ses dernières réserves…Elle sentit ses jambes défaillir, prêtes à s’ouvrirent…Ses paupières s’alourdissaient et dut violemment crisper ses mâchoires pour continuer de soutenir le regard mécontent du Général.

- « Et ne prenez pas cet air accablé avec moi je vous prie, cela ne vous va pas du tout ! Inutile de me mentir vous vous êtes particulièrement mal conduit mon fils ! Comment avez-vous pu vous laisser aller à ces mesquineries, un Jarjayes doit se montrer infiniment plus digne dois-je vous le rappeler ! Oui vous devriez avoir honte ! »

Avec résolution et la plus insoutenable tendresse André écarta soudain un genou guère réticent pour venir déguster plus à son aise quelques gouttes qui tombaient, ses cheveux frôlant l’intérieur de ses cuisses.
Oh mon dieu…je vais mourir, c’est décidé.
Je vais m’évanouir et tant pis pour le scandale, ça m’est égal. C’est…trop bon, je…. Misérable, traître…oooh…jamais je n’ai vécu quelque chose d’aussi horriblement excitant, fabuleusement… Inconfortable…gigantesque…

Elle s’accouda au bureau comme un noyé à sa planche de salut quand la bouche du jeune homme remonta sans attendre le long de sa jambe ouverte…

- « Oh Mon Dieu, oui… »
- « Quoi ? Qu’avez-vous dit ? Vous reconnaissez enfin la stupidité de votre conduite ?»

 
Elle lança un regard embué qu’elle espéra peu révélateur sur les ravages que connaissait son corps.
Elle ne savait même plus ce qu’elle disait. Elle ne savait plus ce qui se passait dans cette pièce. Elle avait laissé échapper un cri, mais elle ne savait pas lequel. Uniquement concentrée sur ce qui se passait sous cette table…et vaguement, très vaguement sur ce que lui demandait son père.

- « Ai-je bien entendu ? Vous admettez enfin vous être mal conduit ? Et bien, au moins cette conversation n’aura pas été vaine pour une fois ! A présent vous allez me promettre de tout faire pour arranger la situation avec André, en Jarjayes que vous êtes ! »
- « Pa…par…don ? »
- « Je vous préviens je ne sortirai pas d’ici tant que je n’aurai pas obtenu votre promesse sur ce point précis ! »

Quoi…La signification des mots se coinça définitivement dans un des rouages de son cerveau : la caresse liquide et un peu tiède du miel fut déposée sur le haut de sa cuisse, près du pli tendre de l’aine aussitôt aspirée de manière fondante et méthodique pour n’en laisser la moindre goutte. Horrible traître…Et elle, qui ne valait guère mieux…elle avança son bassin vers cette langue dévastatrice qui apparemment ne comptait pas en rester là…

- « Alors ? J’attends ! Reconnaissez-vous vos fautes ? »
- « Je…quoi ? Reconnaître ? Je…oui Père…je b…bien sûr… »
- « Parfait ! Et vous promettez de vous conduire en digne fils n’est-ce pas ? »
- « Je…j…év…évidemment… »

Elle ne savait même pas ce qu’elle venait de promettre, mais elle promettait. Sans discuter.
Alors que l’intérieur de sa jambe était assidûment dégusté…Elle sursauta violemment.

- « Oh ! »

L’air soudain méfiant et terrible du Général de Jarjayes acheva d’affoler les pulsations de son pouls, elle crut défaillir pour de bon cette fois. En un geste de survie elle appuya son front sur ses poings liés en prière comme sous le poids d’un très intense accablement. Ce qui était le cas, mais pas pour les bonnes raisons : André venait de plonger sa langue sucrée en plein cœur de son intimité offerte…

- « Qu’est-ce qui se passe ! Que vous arrive t-il, vous êtes souffrant ? »
- « Ou..i, je…Non !! »

Répondre, trouver quelque chose à dire qui l’empêcherait de contourner ce bureau, de découvrir ce…oh non, bon sang mais quelle merveille ! Cette sensation…ce…Ooooh !!!
Une nouvelle impulsion de jouissance faillit la briser. Elle ne sut comment elle réussit à balbutier absolument n’importe quoi, sa mémoire avait du enregistrer quelques bribes.
- « Je…je vais…bien Père mais…je me repentais pour ma conduite. Vous aviez raison je…j’ai énormément…honte… »
Elle écrasa un énorme gémissement contre sa lèvre en sentant monter ce qui allait être une déferlante orgasmique menaçant de tout emporter sur son passage. André pesa davantage sur ses cuisses et enfouit son visage encore plus profondément.
A quelques pas de là, le Général couva le front apparemment contrit d’une pointe de contrariété.
- « Mais dites-moi…vous n’avez pas l’air en bien grande forme…Qui y a-t-il, vous vous sentez mal ? »
- « P…p…pas du tout… »

André embrassa la chair délicate, puis l’excita sous la pointe de sa langue…

- « Alors si tout va bien arrangez vous un peu que diable ! Vous êtes tout rouge et en nage. Peut-être couvez-vous une mauvaise fièvre…Voulez-vous que je fasse mander le Docteur Lassonne ? »
- « Oooh Mon Dieu oui ! »

Le Général eut un haut-le-corps de surprise tandis qu’Oscar sentait pulser une nouvelle vague de volupté, bien plus forte. Elle ne remarqua même pas ce ton de légère suspicion.

- « Etrange…Ce sera bien la première fois que vous appréciez autant les visites du Docteur Lassonne. Bon, peu importe, si votre état empire nous l’appellerons. Je n’aime pas les petites natures, pas besoin de s’émouvoir pour une bouffée d’humeur due à une nourriture un peu lourde sans doute. Cela va vous passer. A présent je vous laisse et veillez à ce que ce différent avec André soit le plus rapidement réglé, je compte sur vous ! »
- « Oooh oui… »
- « Pardon ?! Oui, bien…N’en faites pas trop tout de même, mon fils. Après tout André est votre subordonné, ne l’oubliez pas non plus ! »
- « Je…v…vous avez…raison, je n’oublie pas qu’il est…mon… »

Il alternait les pressions douces et fermes sur les fragiles parois de son sexe enflammé, se frayant un passage jusqu’à ce bourgeon si prêt d’éclore…
- « Qu’il est…mon… »
…pour du bout des lèvres l’attirer à lui, l’aspirer avec tendresse,…
- « Mon… »
…l’humecter sans relâche, à une vitesse grandissante, affolante…
- « M… »
…le sucer durement, très intensément…
Avant même que le Général de Jarjayes n’atteigne la porte en pestant d’exaspération, un torrent d’éclairs bleutés traversa les yeux d’Oscar et l’éblouit de milliers de petites lumières quand l’orgasme explosa sans détour sous une dernière et ferme pression de cette langue impitoyable.
Dès qu’elle fut seule elle plaqua ses mains sur sa bouche pour contenir le cri impudique qui résonna de manière étouffé durant de longues secondes, puis se laissa retomber, sans force…

Tu n’es qu’un fou…
A présent je crois bien qu…non, je sais que je t’aime ; mais je vais te tuer…


Elle regarda André émerger le visage barbouillé de miel, l’air extraordinairement satisfait. Elle fut incapable de l’étrangler comme elle en rêvait. Elle était incapable de faire quoi que ce soit. Il fit mine d’être penaud mais son sourire en disant long.

- « Pardon Oscar…je…je n’ai pas pu m’en empêcher… »
- « La prochaine fois…essaie ! »
- « Mais quand je t’ai entendu parler ainsi à ton père, sur tes sentiments…le bonheur m’a fait tout oublier. Tu tiens à moi Oscar, tu tiens à moi à ce point ! »


Il la prit fougueusement dans ses bras mais il collait de partout…c’était…répugnant. Et elle adorait cela.
Elle devait être folle elle aussi.
- « André…espèce d’insensé je devrais t’occire ! Comment as-tu pu faire une chose pareille et...mon dieu c’était tellement bon ! »
Un frisson la parcourut quand elle entendit son rire au creux de son oreille.
L’amour c’était donc cela également, un rire qui résonne après tant de larmes versées.
Et elle se sentit heureuse d’être aimée…par un fou.
Qu’importe. Même si cela devait durer le temps d’un battement de cœur ou toute une vie c’était lui qu’elle voulait, lui tout entier.
Elle protesta malgré tout pour la forme.
- « Je vais vraiment avoir du mal à te pardonner ! Et ce soir…cette nuit il me faudra prendre ma vengeance je te préviens ! »
- « Oh oui…c’est vrai j’ai été terriblement cruel…Tu as raison mon amour punis-moi, que ta vengeance soit terrible…D’ailleurs tu devrais commencer tout de suite, par exemple m…Bon Dieu ! Non, pas encore ! »
- « Quoi ! »
- « Mais tu n’entends pas ? »
- « Je ne suis pas vraiment encore dans mon état normal, tu sais ! »
- « Grand-Mère ! Par tous les diables, elle vient ici ! »


La vieille dame ne prit même pas la peine de frapper et franchi le seuil avec une mine des plus féroces.
Elle fut tout de même satisfaite de pouvoir toiser son petit-fils, poings sur les hanches.
- « Ah, vaurien, tu es là ! J’espère que cette fois tu as compris au moins. Je suis contente que le Général se soit occupé de toi ! »
- « Co…comment ?! »
- « Ne fais pas l’innocent ! Je viens de l’avertir de ta conduite inqualifiable et je l’ai vu sortir d’ici il y à peine une minute ! Et je peux savoir pourquoi tu regardes ce bureau avec cet air d’ahuri ? En plus tu n’as même pas encore porté son petit déjeuner à ma petite Oscar, mais qu’as-tu donc dans la tête ! Bon, puisque c’est comme ça je vais m’en charger moi-même mais après tu te lèves de ce bureau, et tu vas faire des excuses, et au trot ! »


Elle vint cueillir le plateau et chercha bientôt en tout sens, marmonna pour elle-même.
- « Mais, c’est curieux…j’étais sûre d’avoir mis un pot de bon miel de fleurs sauvages, le préféré de ma chère petite et…Rhooooooo André !! C’est toi qui l’as mangé ! Ne nie pas tu en a plein la figure, vil chenapan ! Tu es vraiment désespérant ! »

Furieuse elle tourna les talons et lança un regard noir, les bras chargés.

- « Oui, oui tu peux faire cette tête ! Tu as raison de ne pas être fier, je vois le rouge monter à tes joues ! Et puis j’espère au moins que le sermon du Général t’aura servi à quelque chose ! Pour ça, les Jarjayes savent y faire n’est-ce pas ! »


Stupéfaite elle vit soudain un sourire céleste s’épanouir sur le visage du jeune homme. Il regarda ce bureau presque amoureusement et balança doucement son visage vers l’arrière, les yeux clos.

- « Ooooh oui… »

 

 

FIN

 

 

 

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