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 rozam blog

Chapitre 10. Comme un oiseau sur la branche

30 Juin 2010 , Rédigé par rozam



Oscar se réveilla dans un sourire, s’étira avec les voluptés d’un chat.

Un peu perdue dans son tas de foin elle mit plusieurs secondes à émerger véritablement de l’excellente nuit qu’elle venait de passer, les bruits alentours lui parvenant encore de manière brumeuse.
Elle ne savait pourquoi mais cette journée lui apparaissait déjà comme pleine de promesses, de celles qui vous donne le sentiment d’être en phase avec l’univers lui-même, où tout ne peut que vous sourire et vous réussir.
La jeune fille soupira d’aise, trouva l’air ambiant intensément agréable et s’accorda quelques minutes encore.
C’était tout juste l’aube, une très froide mais claire matinée inondait timidement les écuries par une des ouvertures du fond. Elle aima cet instant, où les bruits des chevaux se mêlaient à ceux des employés de l’auberge qui prenaient leur service, au dehors.
Puis elle perçut un bruit plus proche, sur sa gauche, comme un clapotis.
Croyant qu’il s’agissait d’une de leurs montures la jeune fille haussa négligemment son visage…et se fixa. Elle était un peu surélevée sur son monticule, et avait ainsi une vision englobant les mangeoires accolées contre le mur du fond. Mais de cheval, point.
 
Armé d’un morceau de savon Fersen était occupé là à une toilette sommaire, étrillant vigoureusement son torse et ses bras.
Nu jusqu’à la taille.
Oscar se frotta les yeux pour y chasser les dernières escarbilles de sommeil puis, presque malgré elle, se mit sur le ventre pour mieux voir. Ce fut une impulsion totalement indépendante de sa volonté en fait, une curieuse chaleur s’emparant de son corps à la vue de celui s’offrant inopinément à ses yeux indiscrets.
Elle comprenait soudain, pourquoi tout ce qui enveloppait cette silhouette prenait une élégance particulière, du costume de bal à la simple veste de la veille, tant l’équilibre entre ce ventre férocement musclé et la largeur des pectoraux et des épaules étaient harmonieux. Une sorte de force animale maîtrisée se dégageait de lui et de chacun de ses mouvements, et le regard de la jeune fille s’hypnotisait des muscles durs roulant doucement sous la peau légèrement hâlée ; une peau qui exhalait une fine vapeur due à l’atmosphère somme toute très fraîche de la grange.
Le premier bouton de son pantalon était dégrafé, et il y avait dans cette scène quelque chose de si intime, de si puissamment troublant et interdit, qu’Oscar sentit son cœur se mettre à battre sans clairement savoir pourquoi, se haussant même encore un peu pour suivre le parcours des traînées de savon dessinant chaque muscle, s’insinuant dans la ceinture, encore…et bascula, tête la première, pour dévaler le foin et atterrir quasiment aux pieds du jeune homme.
 
_ « Mmm…belle entrée en matière, Jarjayes ! J’adore votre façon de vous lever. Vous m’apprendrez à faire ça, un jour ? »
 
Regard noir, Oscar reçut de plein fouet la lumière grise de ses yeux moqueurs accompagnée d’une fossette ravageuse. Avec son épaisse chevelure ébouriffée couleur de miel il avait l’air d’un très séduisant vaurien ainsi, et la jeune fille accueillit le tout avec une mauvaise humeur galopante. Soudain la journée ne lui apparut plus du tout clémente et elle trouva que cette grange empestait le purin.
_ « Je…j’ai fait un cauchemar… » bredouilla t-elle, agressive.
_ « Ah…je comprends. Les tas de foin sont souvent propices à ce genre de phénomènes… » continua t-il d’un ton amusé en se rinçant à grande eau. « Enfin, je veillerai tout de même à en faire installer un dans ma chambre, c’est tellement plus original que de tomber de son lit, c’est certain! »
_ « Oh, ça va Fersen ! Je vous dispense de vos commentaires !! » jeta la jeune fille en se relevant, contente au fond de cette première joute verbale de la journée qui lui permit de masquer un trouble certain.
En vérité elle ne savait plus trop où regarder, et entreprit de se débarrasser du paquet de foin qu’elle avait sur la tête pour se redonner une contenance.
 
_ « En tout cas nous n’avons plus d’eau chaude, » poursuivit Fersen en enfilant négligemment une chemise, « mais je gage qu’un militaire tel que vous, si férocement rompu à la vie sauvage des fossés ne pourra pas s’en plaindre, n’est-ce pas… » observa t-il pour faire allusion à leur conversation d’hier, et lui envoya un coup d’œil malicieux par-dessus son épaule. Mais il cessa de sourire brusquement, se retourna vers la jeune fille…et partit dans le plus formidable des éclats de rire.
_ « Oh bon sang…Jarjayes !!! » s’exclama t-il difficilement, avant de reprendre de plus belle son hilarité, à tel point qu’il faillit tomber à la renverse dans la mangeoire.
 
_ « Mais vous êtes malade ?!? » s’écria Oscar, furieuse de le voir dans cet état pour quelques brins de paille toujours coincés dans ses cheveux, sans doute. Il n’avait boutonné sa chemise qui dévoilait toujours de bien troublantes choses, et elle se sentit confuse.
_ « O…oh b…bon sang !!! Jarjayes !!! »
_ « MAIS QUOI, BON DIEU !!! » hurla t-elle en le voyant se tenir les côtes, en larmes. Un geste de ses doigts lui fit baisser la tête…et là, dans la seconde, elle voulut mourir. 
De honte.
 
Le bas de laine est traître, nous l’avons dit: il déteste par-dessus tout ne pas être considéré avec tous les égards qui lui sont dus. Seul, il peut être féroce et rebelle mais curieusement dès qu’on lui adjoint un compagnon le bas sait se faire joueur, avide de découvertes. Et la jeune fille avait dû les choisir d’une espèce particulièrement facétieuse car la petite séance de culbute dans les foins sembla leur avoir particulièrement plu.
Tandis que le premier avait allègrement remonté la pente pour se pelotonner vers la hanche droite de la jeune fille, l’autre bas avait décidé de voir du pays, de partir à l’aventure comme chacun de nous rêve de le faire un jour ou l’autre, et avait dévidé sa maille et tortueuse curiosité vers la cuisse gauche, c'est-à-dire dans la direction opposée.
De deux choses l’une : ou bien Oscar possédait la virilité la plus longue de l’Histoire, à ce point extensible qu’elle atteignait presque son genou, ou bien la Nature l’avait particulièrement disgraciée en ne lui octroyant qu’une seule de ces choses allant par paire habituellement, généreuse certes mais placée dans un angle de son anatomie où elle n’avait rien à y faire.
Dans les deux cas une aberration aussi monstrueusement ridicule que la veille, à ceci près que l’Arme Absolue avait tout du pétard mouillé en se débinant de manière lamentable.
 
Rouge comme une cerise mûre et l’amour-propre brûlé au troisième degré, Oscar se détourna violemment, partagée entre le désir de se jeter sous les sabots du premier cheval venu ou celui de lui casser la figure. Non pas au cheval, bien que sa fureur actuelle lui eût permis de le faire, mais à cet autre là, derrière elle, qui ne cessait de rire.
Qu’allait-il comprendre maintenant !
Le cerveau en ébullition, elle voyait approcher le moment de l’humiliante explication, révéler l’innommable, subir regards narquois et sarcasmes quand à sa condition de « faible femme »…
_ « Bon ! Vous vous êtes suffisamment moqué de moi, non ?! » rugit-elle, dos tourné. « J’espère que vous êtes content au moins, que le spectacle vous a plu ! Alors qu’est-ce que vous attendez ! Allez-y, sortez donc vos remarques ironiques puisque vous en mourrez d’envie ! »
 
Il ne répondit pas tout de suite, le temps de reprendre son sérieux et apaiser les spasmes qui le secouaient.
Oscar attendait le souffle en désordre, sûre de ce qui allait suivre.
Ce n’est pourtant pas une voix ironique qui s’éleva mais un ton chaud, quelque peu hilare encore mais pour la première fois depuis leur rencontre d’une grande gentillesse.
_ « Allons mon garçon, remettez-vous, ce n’est pas si grave… »
 
La jeune fille mit du temps à assimiler l’épithète. Elle se retourna, sourcils sombres : « mon garçon » ? Malgré ce qui venait de se passer la prenait-il toujours pour…enfin ce n’était pas possible !
Il souriait légèrement mais sans méchanceté aucune, s’essuya les yeux pour mieux la considérer.
_ « Croyez-vous vraiment être le premier à avoir voulu regonfler une…certaine partie de votre pantalon ? » continua t-il en essayant de se calmer tout à fait, « à l’adolescence nous en passons tous par là, vous savez… »
Elle ouvrit la bouche, ne sut vraiment plus quoi dire ni comment réagir soudain, encore plus déroutée par cette douceur inattendue que par le fait qu’il n’eût rien deviné.
Il secoua la tête, rit tout de même encore un peu.
_ « Allez, Jarjayes ! Dépêchez-vous de vous préparer, nous avons du travail aujourd’hui. »
 
Elle resta immobile cependant, totalement déroutée, le vit passer devant elle pour aller se rhabiller puis préparer ses paquetages. Elle fit de même, tout du moins revint à son tas de foin pour faire semblant car elle voulait se rafraîchir elle aussi, et fit traîner les choses pour qu’il sorte en premier. En vérité elle ne savait plus trop où elle en était ayant comme une sensation d’équilibre précaire.
Ni homme, ni femme. Comme un oiseau peut-être, perché sur une branche fragile et ne sachant plus où porter son envol.
_ « Vous savez Jarjayes… »
La jeune fille se retourna. Il avait ouvert un des battant de la grange, s’apprêtait à sortir mais lui jeta un dernier regard, amusé, différent.
_ « Vous avez un caractère réellement impossible, mais je peux malgré tout vous dire qu’avec vous la vie vaut la peine d’être vécue. Cependant…à l’avenir renoncez tout de même à mettre des boulets dans vos pantalons, je vous en prie. » et il sortit, riant de nouveau avec douceur.
Ce regard !
 
Contemplant la porte close, Oscar laissa enfin libre court à son trouble, sa honte, son dépit. Elle envoya des coups de pied un peu partout, dans le foin, la porte de la grange, dans ces stupides, ces abominables bas de laine !!
Bien sûr qu’il avait compris ! Evidemment qu’il savait qu’elle était une femme, désormais.
Ses yeux ! Ses yeux à l’instant, où elle avait perçu comme un éclat pulvérisant la surface des choses visibles.
La jeune fille serra les poings, des larmes de rage lui brouillant un peu la vue.
Non elle n’était pas une femme, jamais !
Et ce n’était pas non plus la gentillesse intolérable du jeune homme qui allait modifier son jugement envers lui. Elle le détestait, le haïssait même avec plus de violence encore, et elle n’était certes pas décidée à baisser sa garde. Oscar lança un regard terrible à cette porte, y déversa sa muette fureur.
_ « Je suis un homme, Fersen. Et j’entends bien vous le prouver ! » pensa t-elle, farouche. 
 
 
Elle ne desserra pas les dents de la journée.
Pour être exact, elle n’eut pas vraiment l’occasion de montrer à son compagnon qu’elle ne desserra pas les dents: les deux jeunes gens passèrent la matinée et l’après-midi à faire le tour de la ville, perdus dans la foule, de manière la plus parfaitement anodine qui soit.
En réalité leurs circonvolutions n’avaient qu’un seul but. Découvrir l’antre du Duc d’Orléans, ce qui ne fut pas bien difficile en vérité puisqu’il logeait dans le plus bel hôtel particulier des hauts quartiers.
Par chance cette vaste demeure Renaissance côtoyait l’Hôtel-Dieu, splendide cathédrale transformée en hospice et dont les travaux d’agrandissement créaient une animation propre à observer sans se faire remarquer.
Postés discrètement à un angle de vue, les deux compagnons surveillèrent longuement les murs qui enserraient le parc de la propriété, attentifs au moindre mouvement qui ouvrirait les grilles de fers forgés.
Mais aucun carrosse, aucun cavalier ne franchit ces dernières.
D’ailleurs la bâtisse semblait vide de toute présence humaine, pas une lumière ne fut visible lorsque le jour se mit à faiblir.
Puis les rues commencèrent à se vider, les maîtres-compagnons attachés aux travaux de la Cathédrale replièrent marteaux et burins, rejoignirent les auberges proches pour arroser une nouvelle bonne journée de travail. Les Gardes Municipaux n’allaient pas tarder à arpenter la ville munis de leurs lampes, traquant les retardataires pour le couvre-feu.
 
_ « Bon…et maintenant, que faisons-nous : on continue de regarder ces foutues grilles qui ont l’air de ne s’ouvrir qu’une fois l’an ? » grogna Oscar, qui bouillonnait intérieurement de ce manque d’action.
_ « C’est bien Jarjayes, je vois que vous avez gardé votre inaltérable optimisme. Venez ! »
_ « M…mais comment ça, « venez ! » Encore ?! Bon Dieu … vous n’allez pas recommencer !! » protesta la jeune fille en voyant la silhouette sombre s’éloigner souplement vers les murs, contente malgré tout qu’il ait repris ce ton légèrement sarcastique des débuts. Comme d’habitude le Comte ne fit absolument pas attention à ses protestations, et contourna l’enceinte, la jeune fille à sa suite.
_ « Bon, et alors !! » jeta cette dernière quand il en eurent fait le tour. « C’est pour constater que la propriété a quatre côtés que nous sommes venus jusqu’ici ? Ça arrive fréquemment vous savez, pas la peine de risquer de tomber sur une milice pour ça ! »
Elle avait une joie féroce à le provoquer, mais fut déçue car il ne répondit pas à ses provocations. Il regardait les murs d’une flamme déterminée, froide, la même qu’il avait eu dans les salons du Palais-Royal.
Alors elle comprit.
 
_ « Ah non ! Il n’en ai pas question , Fersen !!! » Elle s’approcha, jusqu’à percevoir toute l’intensité de ses yeux clairs. « Non mais vous êtes vraiment complètement fou, ma parole ! Vous voulez vous introduire là-dedans maintenant ? Et si nous nous faisons prendre, si le Duc découvre notre présence y avez-vous songé ? Vous croyez que nous pouvons nous permettre une autre de vos petites fantaisies ? Débouler comme l’autre jour en plein salon et lui demander si éventuellement il ne voudrait pas nous donner une idée de l’heure à laquelle il veut assassiner le Roi ! Moi en tout cas je m’en vais, je refuse de participer à une opération suicide, mais si vous voulez mourir je vous en prie : faites !! »
Et elle tourna les talons, furieuse. Fit quelques mètres. S’arrêta.
Et revint sur ses pas.
Personne.
 
 Maugréant tout bas quelques jurons elle escalada rapidement le murs de pierres apparentes, sauta aisément sur l’herbe de l’autre côté.
Il l’attendait, appuyé de son élégance tranquille. Sûr de lui, et du fait qu’elle ne résisterait pas longtemps à l’appel du danger. Elle était comme lui au fond, et qu’il l’eût compris agaça profondément la jeune fille. Avec toute la mauvaise foi dont elle fut capable, elle le fusilla du regard.
_ « Je vous préviens Fersen : un mot et vous êtes mort… » gronda t-elle alors qu’elle vit l’éclat éblouissant d’un sourire, assourdi par l’obscurité grandissante.
 
Elle prit les devants et se mit à courir sans bruit à travers le parc, qui n’était pas très grand mais heurté de bosquets et bouquets d’arbres propices à leur discrète progression.
La jeune fille allait tout juste atteindre la façade arrière du bâtiment pour le contourner quand elle se sentit tout à coup violemment happée, chavirée, littéralement catapultée et durement plaquée contre un arbre.
L’attaque fut si brusque qu’Oscar mit plusieurs secondes avant de s’apercevoir qu’elle était dans les bras de Fersen, intimement collée à lui contre l’écorce. Prise de court, vaguement paniquée elle voulut se dégager, se débattre, mais il assura son emprise en resserrant son étreinte.
_ « Fersen !!! M…mais qu’est-ce qui vous prend ?!? Lâchez-moi Bon D… »
 
 Le reste fut muselé par la main qu’il posa impérieusement sur sa bouche
_ « Fermez- la, Jarjayes… » murmura t-il simplement, étonnamment calme. Il ne la regardait même pas en fait, et la jeune fille ne comprit sa manœuvre que deux secondes plus tard, lorsque des voix se firent entendre, de plus en plus proches. 
La bâtisse n’était pas si déserte finalement, deux gardes faisant leur ronde arrivaient, coupée de fréquents arrêts pour tenter de se réchauffer pieds et mains.
 
Oscar, elle, n’avait pas froid.
C’était même comme si un volcan s’était éveillée en elle, un bouillonnement inconnu dont la puissance lui fit peur, qui annihilait peu à peu ses facultés en les enveloppant de faiblesse.
Il était appuyé contre elle, si près, que le rythme qui soulevait son corps remplaçait son propre souffle, son propre rythme vital. Elle était lui. Elle avait son odeur, une discrète fragrance ambrée tout autour d’elle, et sa main chaude contre ses lèvres, la tiédeur de sa respiration sur son front.
Elle n’osait lever les yeux pour rencontrer ceux dont elle n’aurait pu soutenir l’éclat de toute façon, se contenta de détailler le tracé de sa lèvre dure, virile, la fermeté du menton qui traduisait celle de son caractère.
A cause de l’épaisseur de leurs manteaux elle ne sentait pas ce corps qu’elle avait aperçu ce matin, mais elle le devinait et c’était pire. Car sur ce trouble elle ne sut mettre aucun nom, si ce n’était qu’il bouleversait ce qu’elle connaissait d’elle-même jusque là.
Et elle détesta cela.
Elle n’aimait pas ce qu’elle ne pouvait pleinement maîtriser, et cette chose qu’elle sentait sourdement palpiter au creux de son ventre l’était, tout particulièrement.
Lui ne la regardait pas, seulement attentif à la conversation qui venait vers eux.
 
_ « Putain de vie, chienne de vie ! Je te le dis moi, si tu nais pas du bon côté de la barrière ben c’est vraiment pas la peine de faire de vieux os, autant en finir tout de suite en se tirant une balle dans le caisson ! » affirma une voix un peu pâteuse. Visiblement, les deux gardes avaient trouvé une façon plus efficace de se réchauffer avant de faire leur ronde.
_ « Ouais, tu l’a dit… » s’écria une voix de fausset tout aussi chargée d’alcool que la première.. « Remarque, si tu crois que d’être un rupin c’est mieux que c’qu’on est, ben tu te trompes mon gars ! »
_ « Quoi ?!?  Non mais dis t’es pas un peu barge du carafon, toi ? Tu crois que nos trous à rats c’est mieux que d’habiter ce palais, p’têt ? »
_ « Mais que t’es nouille ! J’ai pas dit ça !» protesta la voix de fausset. « Simplement réfléchis un peu avec ta ciboule de patate : tu crois que ça te plairais d’avoir tout le temps un balais dans l’cul ? »
_ « Beuh non… » répliqua le premier garde en se demandant où il voulait en venir.
_ « Ben les rupins y z’en ont un, tu vois ! Tiens c’est comme dans deux jours : ya un bal qui va avoir lieu ici. Eh bé je peux te jurer que tu vas les voir tous ces aristos, avec leurs balais dans l’cul !!! Et va z’y que j’te danse la bouche pincée, et que j’te bois trois gouttes de « champêgne » comme y disent !! Et que ça ri comme des fiottes !! Allez j’te le dis moi, vaut mieux être à notre place et les poules seront bien gardées. »
_ « Ouais, t’as raison ouais… » répliqua son compagnon se demandant ce que les poules venaient faire dans la conversation.
 
Les deux gardes s’éloignèrent, échangeant encore de hautes vues sur les aristocrates.
Dès qu’ils eurent passé l’angle Fersen relâcha son étreinte, d’un coup.
_ « Eh bien, la chance est décidément de notre côté. Un bal ? Mmm…intéressant. » dit-il avec un lent sourire.


préc.         suiv.

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