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 rozam blog

Chapitre 17. Cet obscur objet du désir

30 Juin 2010 , Rédigé par rozam

 

 

 

 

L’immobilisant de tout son poids contre le mur de la terrasse, Fersen sentit Oscar se débattre aussitôt comme une forcenée sous son baiser. Elle voulut griffer, s’arracher de lui, agrippa ses cheveux pour les lui tirer…et s’y accrocha au contraire désespérément la seconde suivante, lorsque son corps échappa à sa raison et se tendit de manière brutale sous l’effet d’un plaisir apparemment violent et capiteux, à l’image du gémissement de contentement mêlé de surprise qu’elle exhala malgré elle. 


Un corps dont le Comte perçut peu à peu l’abandon pour devenir souple dans ses bras, frémissant bientôt au rythme de sa bouche martyrisant tendrement des lèvres encore obstinément closes, tremblantes et malhabiles, qu’il initia très vite aux doux mystères de la sensualité.
Enivré il goûta ce fruit précieux, dégusta la rougeur sucrée de sa lèvre timide, l’entrouvrit sous l’avidité grandissante de sa passion pour pouvoir en découvrir le cœur si merveilleusement savoureux, la faisant gémir encore, faiblement, délicieusement à l’instant même où sa langue caressa cette pulpe chaude qui s’offrait enfin.
Et devinant qu’elle n’avait jamais accordé ce privilège à quiconque, il mit toute sa science pour rendre cette sensation inoubliable, attisa son trouble jusqu’à l’ivresse, l’embrassa encore, et encore puis la serra un peu plus contre lui pour accueillir sa faiblesse charmante quand ses jambes vinrent à la trahir. 
 
Et ce qui n’avait été qu’impulsion excédée de prime abord, se transforma peu à peu en un élan plein de séduction, les mains du Comte perdant elles aussi de leur rudesse première pour desserrer leur étreinte et glisser vers la finesse de sa taille, la soutenir toujours, mais insensiblement l’attirer plus intimement contre lui.
Une sorte de message d’alerte lacéra aussitôt son esprit : résister… résister, coûte que coûte…
La quête incessante, la mission dévolue par ses Frères revint de manière désagréable à sa mémoire, et Fersen rejeta avec une douloureuse acuité l’incroyable feu qui le brûlait à cette seconde. Car s’il continuait ce ne serait bientôt plus uniquement de simples baisers qu’il voudrait offrir à cette céleste créature entre ses bras, mais le désir fou de caresser son corps, et pire…éperdument l’aimer.
 
Calmant doucement l’ardeur de ses lèvres le Comte mit fin à regret à ce merveilleux et unique baiser qu’il lui donnerait jamais…et faillit immédiatement jeter aux orties ses belles résolutions quand il la vit appuyer son doux visage contre le mur, les yeux clos, cherchant à calmer les soubresauts désespérés d’un souffle défaillant. Et la voir ainsi, si belle dans toute sa neuve et fragile condition de femme, ange de pureté détenant sans le savoir une attraction diabolique sur ses sens, qu’il dut réellement mobiliser ses dernières énergies pour ne pas enfouir son visage dans la chaleur troublante de son cou et s’y perdre, corps et âme.
La tentation ne dura que quelques secondes : elle ouvrit lentement ses paupières et lui dédia un regard certes bouleversé mais très lourd d’hostilité également.
 
_ « Je vous déteste… » murmura Oscar, toute palpitante de trouble et de colère retrouvée.
Un splendide sourire lui répondit, le Comte sentant son cœur bondir de plaisir à la voir reprendre si ouvertement leur joute incessante.
_ « Au moins, vous voilà calmée… » observa t-il doucement, l’œil charmeur.
_ « Lâchez-moi, espèce de brute. »
_ « Loin de moi l’idée de vous contrarier, ma chère…mais il me semble que ce serait plutôt à vous de me lâcher. »
Reprenant ses esprits, la jeune fille parut enfin se rendre compte de la situation : elle s’accrochait en effet désespérément au costume de bal de Fersen, mains crispées sur le tissu de ses manches, forçant ainsi leurs deux corps à demeurer dans une proximité bien trop intolérable à son goût, comme le prouva son mouvement soudain. De même l’ardeur qu’elle mit à rejeter son aide lorsqu’il voulut soutenir son pas incertain au moment où elle se dégagea du mur, prouvant pas là que désormais elle ne tolérerait entre eux qu’une distance plus que conséquente, voire même un éloignement permanant et définitif.
Situation qui lui convenait parfaitement à lui aussi pour tout dire.
 
Cette constatation définitivement établie, le Comte reporta justement son attention sur un autre problème tout aussi préoccupant que celui d’oublier la saveur de ce baiser.
Maupeou et Rochemont étaient invisibles, et le jeune homme de maudire aussitôt la douce folie qui avait à ce point anéanti ses facultés d’observation habituelles.
Non.
C’était faux, il n’eut pas un grief envers ce qui venait de se passer puisque tout au fond de lui rayonnait une flamme qui, il le savait, ne pourrait jamais s’éteindre. Il se secoua, et se tourna vers l’auteur de ce brasier secret.
_ « Au risque de vous faire une nouvelle démonstration de ma « détestable autorité » comme vous dites, il me semble que nos deux compères ont déjà gagné les jardins pour arranger leurs petites manigances. Alors, venez ! Oh pardon… » et il s’inclina avec une moqueuse déférence, « …si votre virile susceptibilité y consent, bien entendu… »
 
Elle haussa ses ravissantes épaules, délicieusement méprisante comme il l’espérait. Le combat avait reprit, mais Dieu comme il souhaitait perdre à présent ! Car s’il s’interdisait à jamais ses lèvres, ses regards outrés couleur d’océan resteraient bien les plus belles preuves d’amour qu’elle ignorait lui offrir.
Ils dévalèrent les quelques marches menant vers le parc taillé à la française, partie de la propriété qu’ils n’avaient inspecté lors de leur petite escapade nocturne de la veille. Méandrant parmi les haies de buis taillé, ils stoppèrent finalement à l’abri de l’une d’elle…pour constater que le Chancelier et l’homme de main du Duc d’Orléans se saluaient sobrement pour clore leur très bref entretien, avant de se séparer sans un regard.
Maupeou resta un moment encore, consultant une liasse assez importante de documents qu’il s’empressa de fourrer dans une fine sacoche de cuir, puis repartit à son tour, fort heureusement dans la direction opposée du poste d’observation des deux jeunes gens.
Dès qu’il fut hors de vue, une sorte de tempête qualifiée parfois de « tropicale » par les marins s’abattit sur Fersen.
 
_ « Bon sang de foutre!!! Alors j’espère que vous êtes content de vous, au moins !! » explosa Oscar, poings serrés sur les hanches. « Vous voyez ce que vous avez fait ? A cause de vous nous venons de perdre l’unique occasion de savoir ce que contenaient ces documents !!! Et maintenant, qu’est-ce que nous allons faire !! Tout est de votre faute, vous et votre attitude de séducteur de bas étage !!! »
Le Comte se retourna d’un bloc, fit face lui aussi, des nuages sombres s’amoncelant dans ses prunelles grises de s’entendre traiter de « séducteur de bas étage ». Curieux cette faculté qu’elle avait de provoquer chez lui la double tentation de l’étrangler sauvagement ou de lui faire passionnément l’amour. Il enchaîna, la première éventualité l’emportant pour l’instant de très peu.
_ « A cause de moi ? » gronda t-il. « Parce que c’est de ma faute peut-être, si vous vous êtes comportée tout à l’heure comme un véritable fauve vous lançant sur moi toutes griffes dehors ? »
_ « QUOI ?!! Mais vous divaguez complètement, vous dites n’importe quoi comme à votre habitude !! C’est vous qui vous êtes lancé sur moi au contraire !! »
_ « Alors là, ce n’est pas la mauvaise foi qui vous étouffe apparemment ! » s’exclama le Comte, estomaqué par son aplomb. « Bon sang mais vous êtes décidément impossible !! Pas moyen de vous faire admettre l’évidence !! » 
 
_ « Et quelle évidence ? » le défia Oscar, effrontée. Il avança d’un pas.
_ « Celle d’avoir pris plaisir à ce baiser par exemple !! »
Il crut qu’elle allait bondir de nouveau, se contenta de devenir aussi rouge qu’une pivoine en fulminant de rage.
_ « Fersen !!! Vous êtes… »
_ « Et vous mériteriez même que je recommence, pour vous apprendre les bonnes manières !!! »
Elle recula face à son pas, hors d’elle.
_ « Alors ça n’y comptez pas, Fersen !!! Et…et… » elle recula encore, « …et je vous jure que je vous tuerai si vous vous avisez de recommencer !!! Je vous déteste entendez-vous, je vous déteste !!!»
Et elle se détourna définitivement, s’enfuit pour masquer sa rougeur par trop révélatrice.
Fersen ne bougea pas, contempla longuement cette allée déserte encore vibrante de son indomptable beauté. Et sourit, dans la pénombre.
_ « C’est ça cher ange… » murmura t-il tendrement. « Déteste-moi… »
 
 
Près d’une heure plus tard le Comte montait sans hâte vers leurs chambres, ayant choisi de rentrer à pied pour savourer encore un peu les trop douces images qu’il s’était promis d’enfouir à jamais dans un recoin de son esprit. Mais sur le seuil il hésita, et ses yeux ne purent s’empêcher de dévier vers la porte voisine, guettant le rai de lumière qui confirmerait au moins qu’elle non plus ne pourrait dormir, tout comme lui.
Il ne perçut aucune lumière, aucun bruit ou souffle, fragiles témoins d’un émoi quelconque. Il soupira, secrètement contrarié, le fut encore plus de voir sa main se crisper sur le loquet sans vouloir l’ouvrir. Et ses pas, qui le menèrent presque contre sa volonté devant la porte fatale, s’y attarder, la contempler de manière presque hypnotique, la voir encore en fermant les yeux. Sa main se crispa pareillement contre le bois, lutta de toute ses forces pour ne pas faire ce geste qu’il savait pertinemment ne pouvoir éviter.
 
_ « Oscar… »
Il réitéra ses coups discrets, qui parurent au jeune homme résonner à travers la ville entière.
_ « Oscar, il faut que nous parlions. Ouvrez je vous en prie… »
Il appuya son front, guère surpris de ce silence assourdissant répondant à sa prière, juste plus malheureux qu’il ne l’aurait cru.
_ « Je me suis comporté comme un imbécile… » continua t-il, espérant qu’au moins ses paroles voleraient jusqu’à elle. « …et je vous ai dit des choses qui vous ont blessé, je le sais. Je vous en demande pardon Oscar, mais la vérité c’est que lorsque je vous ai vu tout à l’heure, si merveilleus… »
_ « Ben dites ! C’est pas que je voudrais vous vexer mon beau Monsieur, mais c’est quand même un peu couillon de parler à une pièce vide !! »
Le tavernier venait de surgir dans le couloir, un broc d’eau chaude dans une main.
 
_ « Quoi ? Qu’est-ce que vous dites ? »
Le Comte fondit sur le brave homme, un mauvais pressentiment dans le cœur.
_ « Oh là mon beau Seigneur, soyons point offensé ! Je voulions point dire que vous êtes vraiment couillon, hein, bien que c’est quand même ce que j’y on dit, c’est vrai…Comme dit ma femme, je savions point toujours tenir ma langue, alors n… »
_ « Mais s’agit-il bien de ça ! » s’énerva Fersen. « Qu’avez-vous dit à propos de celle…de celui qui occupe cette chambre !»
_ « Qui ça, votre compagnon ? Ben non il n’est point là… »
_ « Mais comment, « pas là » ! Allez-vous parler ?!! »
Le tavernier fut d’un coup tout intimidé par la mine terrible de son hôte et fournit sans attendre les explications : il avait aperçut « le joli petit jeune homme blond » partir il y avait de cela une demi-heure à peu près, sans donner aucune explication ni laisser de message. Tout juste s’il avait noté la direction qu’il prenait, vu qu’il sortait à ce moment du garde-manger pour apporter quelques chopines supplémentaires.
 
_ « Et alors !! Cette direction !!! »
_ « Ben crions point mon beau Seigneur, je va vous la dire : pour sûr qu’il a pris la direction de la Cathédrale, ce qui est couillon ça aussi puisqu’y ya personne à cette h…ben où qu’y va lui aussi maintenant … » grommela le tavernier en voyant Fersen se ruer comme un fou dans sa chambre. « Ah ces rupins, sont pas nets quand même… ».
Le brave homme continua sa tâche, apporta son eau chaude à une grosse femme logeant à l’autre bout du couloir, puis repartit d’un pas tranquille vaquer à ses occupations.
Au moment de tourner l’angle il faillit être de nouveau renversé par Fersen ressorti de sa chambre tout aussi furieusement qu’il y était entré. Un mouvement brusque du manteau fit soudain briller une lame fugitive, et le tavernier de se figer en haut des marches.
_ « Non, vraiment pas nets ces rupins…M’est avis qui va se passer encore de choses pas bien propres avec ceux-là… »
 
 
C’était la seule solution.
La seule pour résoudre quantité de problèmes en fait, et même si son instinct l’avertissait obscurément qu’elle se précipitait ainsi dans la gueule du loup elle n’en avait que faire.
Oscar se plaqua à cette seconde pour se soustraire à la vigilance d’une milice, ce qui ne fut pas bien difficile car les rues regorgeaient de coins sombres et glauques, peuplées à cette heure par les seuls chats errants.
Elle reprit sa progression, tâchant de maîtriser les battements sourds de son cœur tant elle fut sûre d’être repérée à cause d’eux.
L’air très vif de cette nuit sans nuages l’avait pourtant un peu apaisée, elle le crut en tout cas. Mais son cœur lui, ne semblait décidément pas en accord avec son esprit ; ni sa bouche, toujours chaude d’une caresse intolérable de douceur qui la faisait encore honteusement frissonner de plaisir.
Alors tant pis. Ce qu’elle faisait était folie elle le savait mais qu’importe. La puissante amertume du danger remplacerait cette trop exquise sensation, cet interdit qui torturait si délicieusement ses entrailles, seule solution pour faire mourir le germe d’un sentiment qu’elle ne voulait nommer.
 
Les fastes du Palais du Duc d’Orléans se mourraient quand elle arriva en vue des hautes grilles, toutes les torchères éteintes une à une alors que les derniers carrosses dévidaient leurs chaotiques farandoles. La jeune fille profita habilement de ces écrans mouvants pour entrer, dut aussitôt se rabattre vers l’abri végétale d’un bosquet à l’approche de deux jeunes valets commis au balayage du crottin. Elle les laissa bien vite à leur noble tâche et fonça aussi vite que possible vers l’arrière du bâtiment, envoya une prière mentale à son ange protecteur pour que la porte de l’office ne fut encore fermée à cette heure.
Mais le céleste gardien devait être aussi fatigué que ses homologues terrestres, car la prière d’Oscar résonna dans le vide. Pas de lumière de ce côté-ci, et une porte résolument close, tout le personnel devant plus ou moins cuver les fonds de verres et bouteilles que ces beaux « aristos » leur avaient laissé.
 
La jeune fille s’apprêtait à casser une des vitres, lorsque le piaffement des chevaux et des éclats de voix grossières l’attira de nouveau vers l’avant de la bâtisse. Une douzaine d’hommes riaient et s’esclaffaient grassement, Oscar reconnaissant immédiatement l’un d’eux. Ainsi ses spéculations s’avéraient être fausses : elle était pourtant sûre que ce Rochemont emprunterait les souterrains pour retourner vers son Maître, voilà pourquoi elle aussi voulait réemprunter ce chemin vers les caves, et poursuivre une piste qu’elle savait pourtant bien mince.
Car ce brigand n’avait plus qu’un intérêt secondaire depuis la livraison des documents, si ce n’était bien sûr, celui de le faire parler au cas plus qu’improbable où il en connaîtrait le contenu. Mais c’était une chance à courir, et si cela était dérisoire c’était la seule option qui restait pour rattraper l’échec de ce soir.
Et à présent, même cet infime espoir disparaissait puisqu’elle ne pourrait poursuivre, seule et à pied, un groupe d’hommes à cheval et apparemment armé jusqu’aux dents.
La jeune fille serra les poings, résolues malgré tout à tenter sa chance. Toujours à l’abri des arbres elle s’approcha encore pour au moins percevoir une bribe de conversation, capter un semblant d’indice sur les intentions de ces hommes, savoir au moins pourquoi Rochemont se déplaçait avec un tel déploiement de force, alors que la discrétion aurait été de mise.
 
Hélas, l’ange protecteur de la jeune fille devait vraiment avoir le sommeil lourd car de nouveau le petit miracle espéré n’eut pas lieu : le groupe se mit en mouvement, filant à bride à battue comme s’ils avaient le Diable au trousse.
Oscar eut beau pester tant et plus contre ce coup du sort, rien n’y fit. Et voyant le silence et le froid reconquérir les lieux, force fut de constater que cette fin de nuit finissait comme elle avait commencé, c'est-à-dire de la plus désastreuse des façons.
La seule solution désormais était de rentrer, piteusement, et tenter de trouver un autre plan d’attaque.
L’image de Fersen surgit brusquement dans son esprit, une chaleur diffuse envahissant aussitôt son corps.
Oui, désastreuse soirée…
 
Sans trop prendre de précautions désormais inutiles dans ces lieux déserts, elle reprit le chemin inverse jusqu’à l’entrée principale, allait sortir, quand une douleur d’une rare violence lui vrilla brusquement l’épaule gauche.
_ « Et alors mon mignon ! Tu voulais nous fausser compagnie, pas vrai ? »
 
Tombée à terre sous le choc mais bien consciente, Oscar se retrouva soudain face à cinq gaillards passablement éméchés armés de gourdins, seuls hommes habilités à la garde des lieux ayant réussi à échapper au coma éthylique à ce qu’il semblait. Celui qui l’avait frappé fit jouer le bois de son arme contre sa paume.
_ « Ça fait un moment qu’on t’observe mon joli, figures-toi ! T’as pas été facile à suivre mais maintenant tu vas causer : qu’est-ce que tu viens foutre pas ici ! »
Oscar secoua la tête, un peu sonnée. Son épaule lui faisait mal, mais c’était supportable.
_ « Et alors, mon ami t’as posé une question !! » dis un autre, encore plus soûle. « On aime pas les curieux nous, alors joue pas au plus malin ! »
Avec toute la force de son caractère elle se mit debout et fit face, tira son épée d’un air sauvage malgré la douleur, mais ne dit mot.
 
Les autres reculèrent un peu, hésitèrent un bref instant…mais le vin eut cependant raison de leur craintes. Avec des cris de rages ils se lancèrent tous sur elle, et si l’affrontement fut au début à l’avantage de la jeune fille elle ne put longtemps résister. Alors qu’elle blessait son deuxième assaillant un coup de masse brisa sa lame, ne lui laissant que ses poings et son courage pour barrer la furie avinée des trois autres.
Noble mais piètre parade. Elle en abîma un autre mais succomba bientôt d’un crochet au visage qui l’envoya dans l’herbe, exposée désormais à la vindicte de ces brutes. Ils n’étaient plus que deux, déchaînés de haine, la saisissant au col pour la relever et continuer leurs coups de poings contre ce joli visage. Quand l’un d’eux remarqua enfin sa finesse justement, la blancheur de sa peau qui contrastait encore plus fortement avec le filet de sang coulant de sa lèvre blessée.
 
_ « Mais attend ! Regarde ça ! » beugla t-il en abaissant son poing. A la place il exposa durement ce fin visage à la lumière incertaine de la lune, approcha son haleine empestant l’alcool de cette joue imberbe. « Mon Dieu, mais ce mignon est une drôlesse !! C’est une femme !! » et il cracha à terre. Puis, lentement sourit d’une joie mauvaise. Il agrippa Oscar, la jeta à terre.
_ « Eh bien…on va enfin pouvoir s’amuser… » grogna t-il en débouclant son ceinturon.
 
_ « Ça, je ne crois pas non… » dit alors une vois très calme derrière lui.

suiv.          préc.


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