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 rozam blog

Epilogue

14 Juillet 2012 , Rédigé par rozam

 

 

LE MORCEAU DE SUCRE QUI AIDE LA MÉDECINE À COULER

 

 

 

 

 

- Comment pourrais-je jamais te laisser, dit-il quelque part dans ses cheveux.

Comment résister, surtout, à l’énergie brute irradiant sa poitrine sous la désarmante étreinte. André l’enlaçant, la réchauffant, ne la repoussant pas...
Il la désirait donc un peu ?
Oscar coula ses mains sur la nuque du jeune homme, puis ses bras, comme un lierre enserrant l’arbre dont dépend sa survie. Elle s’y sentait brûlante, contre cette écorce de mâle beauté, enfin à sa vraie place et ne souhaitant que de s’y dissoudre dans le silence de cette chambre.
Découvrir ses lèvres était  un émerveillement. Un océan de voluptés dans lequel se noyer; de même que dans son regard vert...
Il l’étendit pour un instant se détacher d’elle, et d’un geste sec enleva sa chemise. Oscar sentit pulser l’envie au creux de ses jambes en voyant la souplesse mêlée de force qu’il dégageait ainsi, nu jusqu’à la taille. Ses muscles se nouaient d’une telle harmonie qu’elle ne s’étonna plus d’avoir secrètement admiré ce corps, deviné si souvent lorsqu’il la portait. Se mordant la lèvre elle laissa aller le bout de ses doigts un peu tremblants sur la netteté du ventre, chuchotant son admiration, rendant hommage par des mots sans suite à sa séduction intimidante. Et tellement interdite de découvrir la même dévotion dans le regard clair, envers elle qui pourtant n’avait rien de remarquable.

Il s’étendit à ses côtés, en appui sur un coude, de ses yeux caressant son sein blanc émergeant du désordre flou de sa tenue d’homme. L’émotion se le disputait au désir, visiblement, Oscar voyait le souffle agiter les larges épaules de ce jeune homme admirable et il ne bougeait pas, attendant. De scrupules, en avaient-ils encore besoin, l’un comme l’autre ?
Je voudrais...sentir ta peau contre la mienne, André...dit-elle dans un murmure.

Il écrasa tendrement ses lèvres sur les siennes, sa main chaude saisissant le tissu pour le remonter d’une lenteur affolante le long de sa taille. Oscar apprenait le supplice de la chair, désarçonnée de voir son propre corps lui échapper à mesure qu’il la touchait. Elle leva ses bras, ne ressentant aucune gêne lorsqu’il la débarrassa de sa chemise, presque aussi nue que lui, enfin. Ses reins se cambrèrent de manière délicieuse quand il laissa voleter ses doigts du galbe d’un sein jusqu’à son nombril. Comment une si légère perception pouvait déclencher pareil ravage ? Le besoin irrépressible la reprit de le tenir contre elle, étourdie de sentir le jeune homme se tendre au contact de sa poitrine menue.

- Veux-tu...que nous dormions simplement dans les bras l’un de l’autre, cette nuit ? versa t-il contre son oreille.
Elle acquiesça avec reconnaissance, au creux de son cou.
- Je...ne sais rien du plaisir de...enfin entre un homme et une femme...mais si toi tu ne veux pas rester près de moi, je comprendrais...

Il eut un rire voilé.
- Je suis en plein rêve et il me faudrait partir ! N’y compte pas ma belle Oscar, je te garde, même si tes caresses menacent de me rendre fou.
- C’est...vrai ? Toi aussi tu ressens cette...ces choses...ici...

Son “oui” à peine perceptible jeta la jeune fille dans d’intenses réflexions, quand elle effleura le ventre superbe. Elle eut envie de pleurer à l’idée qu’il découvrait l’improbable chaos avec elle, de manière identique, comme tout ce qu’ils avaient fait jusqu’alors. L’image du jeune homme silencieux, à ses côtés depuis tant d’années, nouait ses entrelacs autour de son coeur et enflait inopinément la tentation secrète, si indécente, qui depuis deux jours la hantait lorsqu’elle le regardait l’aider, patiemment.

- André...chuchota t-elle pétrie de honte, je voudrais te demander encore quelque chose...mais je t’en supplie, dis-moi non si cela ne te plait pas...
- Je te le promets.
- Je...voudrais que tu te mettes entièrement nu, et que tu dormes ainsi, contre moi...

Cette fois elle perçut les mains du jeune homme, sur sa taille, se crisper résolument.
Comment pouvait-elle lui faire une telle requête, au mépris de sa légitime frustration ! 
Au nom de ce désir scandaleux, de ses envies, à elle ? Elle se confondit en excuses, rouge sous la conscience de son égoïsme décidément forcené, et maladroite se détourna en priant qu’il lui pardonne un jour...avant de prendre conscience qu’une botte, puis deux, suivies de culottes d’homme passant par-dessus bord firent soudain grimper la température ambiante. Oscar crut bien s’évanouir quand il dégagea quelques mèches de sa nuque pour l’embrasser puis verser, tout contre le lobe de son oreille :
 

 

- Tu m’enverras certainement en enfer, avec tes caprices. Mais je jure sur ma vie que plus jamais je ne te veux malheureuse. Et tu n’a pas à t’excuser. As-tu seulement conscience du cadeau que tu me fais, de pouvoir ainsi te toucher...

Elle eut une sorte de hoquet et ses yeux s’écarquillèrent grands, quand il se cala confortablement contre elle, ardent, voluptueux, parvenant à l’entourer de son bras de manière simplement rassurante malgré son bassin martyrisé de désir. Et le sien, douloureux, de le savoir offert par la seule vertu de sa demande. Depuis des jours Oscar découvrait avec stupeur la beauté de sa silhouette, ses muscles fulgurants de jeunesse, et il était là, dans toute sa séduction inconsciente. Elle le trouva immensément désirable. Et attendrissant, si ce n’était sa nudité qui le masculinisait jusqu’à des proportions vertigineuses, alors même qu’elle ne le voyait pas.

Ils restèrent un moment immobiles, la jeune fille écoutant la respiration d’André toute aussi rapide que la sienne, preuve qu’il ne pourrait évidemment dormir. Elle n’avait qu’à se retourner, juste un peu, et lui abandonner ses lèvres comme tout à l’heure. Ce dont elle avait peur n’était pas seulement de faire l’amour, mais de tout ce qu’il y aurait après, les souvenirs d’enfance qui se cassent, les uns après les autres. Remplacés par quoi ?
Pourtant elle l’amorça, ce tout petit geste, pétrifiée par la tension sexuelle qu’il parvenait à créer, sans le moindre geste. Peut-être était-ce pour cela, précisément ? Elle n’en savait rien.

Les secondes les plus longues de sa vie, à ployer son visage, vers le sien, vers ce souffle désordonné qui paraissait l’attendre. Jamais ses yeux verts n’avaient eut un tel éclat. Jamais. Malgré les tiraillements de sa jambe elle parvint à venir sous cette lumière envoûtante, avant d’abaisser son regard vers le buisson rude entourant le membre dressé. Beau, entièrement. Elle le lui dit.
Il parut savourer ses paroles. Altier, même, à se montrer ainsi sans aucune fausse pudeur.
Et puis son sourire, juste après, un vrai concentré de charme.
Une vraie catastrophe pour les jeunes filles innocentes.


****

Il lui sourit, et l’espace d’une fraction de seconde il sut qu’il devenait son amant. Quelque chose de subtil, d’imperceptible dans la contraction de ses lèvres ou bien de son corps, peut-être. Oscar, pour laquelle il se damnerait sans remords. Continuer sa vie durant à l’admirer exactement comme maintenant, presque nue. Belle à en mourir.
La feu lui broya les reins quand il admira ses seins; ils étaient parfaits. Il n’avait aucun élément de comparaison mais ils étaient parfaits, pas de doute. Objectivement parlant, la poitrine d’Oscar menaçait de lui causer un arrêt cardiaque. Et puis c’était horriblement excitant ce vêtement qu’elle portait encore, il aurait bien tout arraché d’elle s’il s’écoutait.
Pouvait-il, lui, révéler le souhait qui le tenaillait ? Elle ne voulait rien d’autre que ses étreintes...et lui avouer qu’il brûlait de découvrir et embrasser l’intérieur de ses cuisses ne paraissait vraiment pas approprié.
Pourtant, elle le contemplait vraiment d’une manière à le rendre plus audacieux qu’il n’avait jamais osé. Elle aimait ses caresses, pourquoi ne pas continuer...et puis elle ne semblait pas plus que lui disposée à dormir. Son érection la fascinait visiblement, hélas pas au point d’y poser sa main. André se maudit d’avoir de telles pensées mais il n’arrivait vraiment plus à trouver tout cela indécent. Il avait envie d’elle jusqu’à la souffrance.

- Cela va devenir difficile de m’étendre à tes côtés et respecter ton souhait, si tu continues...dit-il en souriant de plus belle.
- P...pardon ?
- Me regarder ainsi est plutôt déloyal. Tout comme dire que je suis beau.
- Mais...c’est le cas, exhala t-elle dans un soupir délicieux.

Ses seins, bon sang...Ses doigts revinrent au-dessus de leurs pointes, plus dures que tout-à-l’heure, plus sensibles aussi. Il n’eut qu’à les effleurer pour qu’elle se cambre. Il ne devait pas aller trop vite. Toute cette peau infiniment douce le grisait au-delà du raisonnable. Il couvrit son sein droit d’une paume tendrement possessive, et s’allongea. Le bout de son sexe effleura le tissu de la cuisse, envoyant une décharge de plaisir diablement précise dans ses reins.
Aussitôt elle vint placer son visage tout au creux de la chaleur de son cou, comme un jeune chat. C’était attendrissant. Son envie de la posséder monta un peu plus.

- J’adore l’odeur de ta peau...murmura t-elle en embrassant brièvement sa clavicule.

Voilà qui l’aidait beaucoup en effet.
Elle revint à sa hauteur, les yeux dans les yeux comme lorsqu’ils échangeaient un secret important donc très inutile, à chacun de leurs jeunes anniversaires. Doucement elle ramena ses poings devant elle, il respecta ce geste de protection plus que de pudeur ; sa main quitta son sein pour se poser sur sa taille à demi-tournée vers lui. La peau y était remarquablement douce aussi, il laissa muser le dos de ses phalanges contre elle, le long de la ceinture du vêtement.

- Pourquoi voulais-tu mourir...dit-il le plus doucement possible.

Bon moyen de faire baisser sa tension interne, surtout.
- Parce que...j’ai toujours pensé que je mourrai jeune. D’une balle ou d’un coup de sabre, peu importe, je le sais, c’est tout. Mais malade...ça, jamais André, je...

Ses paupières papillonnèrent un peu, sous l’effet du sommeil ? Ou bien du va-et-vient très lent de ses phalanges.
- Je n’ai pas supporté la perspective d’être diminuée, réduite à l’état de rebut ou de charge envers quiconque...il...il n’est pas dans mes habitudes de...

André sentit le ventre adorable se crisper. L’émotion, sans doute. A moins que de venir buter sur le premier bouton de son vêtement la bouleversait davantage.

- Pourquoi ne m’as-tu rien dit, Oscar...
- Crois-tu que cela soit...facile ? Et puis...c’est de ta faute, voilà.
- Le contraire aurait été étonnant. De quoi suis-je fautif ?
- De tout. Enfin c’est ce que je pensais...stupidement. Je n’étais pas quelqu’un à sauver.
- Que veux-tu dire.
- Pas...digne d’être sauvée, voilà. Je suis féroce et sans charmes, je...
- Tu es brave, et belle. Et parfaitement désirable. Je suis le plus heureux des hommes de pouvoir faire cela...

Les si beaux yeux se voilèrent de stupeur, sous la lente intrusion de sa main parmi les premiers boutons patiemment défaits, un à un. Surprise non par son initiative, prévisible, et désirée sans doute, mais par les sensations incomparables. Une nouvelle poussée de plaisir vrilla son bassin rien qu’à observer les émotions rapides passant sur le ravissant visage, elle pressa ses lèvres très fort. Exactement comme il imaginait. Plus chaud et scandaleux c’était impossible, doux aussi, que ce duvet intime touché du bout des doigts. Il s’en délecta un moment, tout comme elle qui respirait vite, sa réticence ne pouvant que céder, définitivement. Il fit descendre encore ses attouchements, grisé d’entendre les plaintes sourdes de la jeune fille, il se laissa guider par elles.
Il n’avait jamais rien vu de pareil, il la touchait à peine, et elle en voulait encore; il accentuait son exploration et sa main blanche agrippait le drap. André se redressa et avec d’infinies précautions lui retira ce vêtement absurde, ébloui par le corps féminin admirablement délié. La terrible blessure altérait à peine la beauté de ses longues jambes, et il n’eut plus qu’une envie, y laisser courir ses baisers.
Ce qu’il fit.

Il la tourmenta longtemps, à leur plus grande joie mutuelle, jusqu’à ce qu’ils n’en puissent plus d’attendre. André lui fit l’amour, de manière un peu gauche puis très vite s’enhardissant à mesure qu’elle l’accueillait. Il avait tellement peur de la blesser...et se trouva stupéfait de la découvrir aussi avide que lui face aux délices de la chair.

****

Par la force de l’habitude, l’aube pointait à peine quand André ouvrit l’oeil. Chose dont il se moqua bien d’ailleurs, trop occupé à savourer ses rêves érotiques avant de réaliser qu’ils n’en étaient pas. Tout était parfaitement réel. Oscar s’était donnée à lui, tout comme lui-même lui appartenait, de corps et d’âme. Reprendre la vie normale...si tant est qu’elle le fut un jour auprès de ce capitaine diablement femme;  à présent qu’il en connaissait chaque centimètre de peau soyeuse, conserver son rôle d’imperturbable confident devenait, comme dire...une notion très abstraite. En d’autres termes, il n’avait plus du tout envie de lire Sénèque en sa présence.

Les tentures n’étaient pas fermées, trop d’urgence hier soir...Un rai de lumière pâle tombait sur la hanche du jeune homme et, se déplaçant, ce furent celles d’Oscar qui se magnifièrent à sa vue. Le ventre lisse et blanc que ponctuait ce tout petit triangle  tentateur lui donna une pulsion exigeante, mais elle dormait. André avait naïvement pensé que son désir se mesurerait à l’aune de leurs contentements mutuels, qu’il deviendrait calme et tranquille, à l’image de son caractère. Et il découvrait combien il avait envie d’elle, encore plus même, tout de suite. En serait-il de même pour la jeune fille ? Elle s’était endormie contre lui, épuisée, et comblée espérait-il. C’est ce qu’en tout cas ses murmures laissaient augurer, avant qu’elle ne sombre tout à fait.

Il se leva avec précaution, et par une jalousie absurde la couvrit. Même cette lumière n’avait aucun droit sur elle, lui seul pouvait honorer pareille beauté, ah !
Il fallait surtout qu’il se calme: entrer dans les cuisines avec l’érection qui le menaçait ferait s’évanouir Grand-Mère sur le champ ! Il était préférable que l’innocente vieille dame ne se doutât de rien pour le moment...
Tiens, manger justement, voilà l’excellent dérivatif à trop regarder les beaux capitaines de la Garde.
André s’habilla et dévala les escaliers comme un chien fou, heureux comme jamais. Il sortit en trombe du château parce que ce bonheur-là, coincé au fond de sa gorge, ne devait souffrir aucun témoin.

Il lança un hurlement sauvage pour accueillir les premiers rayons du soleil suivi de ses rires, triomphants.

Peu après ce furent les grandes question existentielles : brioches, beurre, fromages, fruits ou tranches de porc, vin, chocolat chaud, cidre, ou bien rillettes ? Que voudrait-elle ce matin, être un appétit d’oiseau ou d’ogre ? Dans le doute André choisit de tout emporter, plus d’humeur à être raisonnable. Si elle n’avait pas faim, lui en tout cas, allait tout dévorer jusqu’à la moindre miette.

Et puis il faudrait qu’elle marche aujourd’hui. Qu’elle vive. Bon sang, vouloir mourir, et lui qui n’avait rien vu...
Déposant une véritable charrette de victuailles sur la petite table, il ouvrit grand les fenêtres pour sanctifier sa volonté de lui insuffler sa constante énergie. Un doute le glaça pourtant : peut-être aurait-elle honte de ce qu’ils avaient fait cette nuit...

- Tu es déjà habillé ? Quelle pitié, je te préférais nettement tel qu’hier soir.

Voilà qui éliminait la dernière angoisse.
- Oui, et je pourrais même ne plus m’habiller du tout si tu le souhaites, sourit-il aux tentures.
- Ce serait merveilleux !

André suspendit son arrangement domestique pour jeter un regard dubitatif, par-dessus l’épaule.
- Je plaisantais, Oscar.
- Oh...

Et elle était déçue ! Il avait bien fait d’apporter un garde-manger. Dieu savait de quoi elle était capable. Une petite leçon n’était pas pour lui déplaire.
Il se composa donc une attitude mesurée, habituelle, faisant traîner sa tâche quand visiblement elle n’attendait que sa célérité à la servir. Patience, ma belle Oscar...

Puis il installa artistiquement les tonnes de nourriture sur la table et pas dans ce lit, antre de toutes les turpitudes. Sauf qu’elle n’était guère disposée à se laisser berner. Certaines choses ne changeraient jamais.

- Dois-je te regarder manger ou me traîner jusque là ? Ma jambe me fait mal, si tu pouvais...

Uniquement vêtue de sa chemise, elle s’était assise et lui tendait les bras. Souriante. Maligne. Et lui, superbe imbécile, se sentit flatté : elle le voulait, tandis qu’il jouait à l’indifférent, brillant vraiment !

Si il avait encore quelques doutes sur la question, la suite fut sans ambiguïté : dès qu’il l’eût saisie elle plongea les mains dans ses boucles brunes, possessive, et quémanda la seule nourriture dont elle avait envie. Ses lèvres. André en perdit une partie de ses moyens, soupesant l’espace d’une seconde la possibilité de ne plus jamais sortir de cette chambre. Oui, elle le voulait. Et ce rapport de force imperceptible était stimulant.
Il rompit le baiser, son sourire solaire en guise de tentation.

- J’ai faim, ma belle Oscar. Et ce sera de toi, mais tout à l’heure. Je vais réellement m’écrouler si je ne mange pas un peu.
- Il n’y a pourtant pas de souche, ici. Peut-être cette chaise ? Tu as certes affamé mais je n’ai aucune envie de te lâcher, vois-tu.
- Humm...Et je suppose que je dois te nourrir, par-dessus le marché.
- Evidemment.
- C’est bien ce que je me disais. Grand-Mère va piquer une colère de tous les diables en voyant son cellier presque vide, je supposais bien que cela serait à peine suffisant pour t’engraisser.
- Hé, mon cher, l’ogre c’est toi ! Je ne suis qu’une pauvre malade sans défense.
- Ça, c’est on ne peut plus faux. Ta chemise baille aux corneilles et ce que je vois, là, va très certainement me tuer.
- J’aimerais bien pouvoir en dire autant mais...tu es horriblement habillé, gémit-elle.

Et le petit furet de glisser une main dans le col de chemise, palpant sans vergogne son épaule tendue par l’effort.

- Non, j’ai faim te dis-je ! s’insurgea André la mine faussement terrible en l’installant néanmoins sur ses genoux.
- Mais...je pourrais...essaya t-elle, les doigts déjà vers les lacets du vêtement.
- Non !

Il leva un doigt sentencieux, tous deux s’amusant follement. Pour faire diversion il lui colla une énorme portion de pain frais dans la bouche, ce qui fonctionna assez bien.
Sauf qu’il fallut y mettre une quantité phénoménale de beurre et de miel, et somme toute ce fut assez dégoûtant.
Plus de charge ni de rang, plus de Général de Jarjayes ou d’altesses royales, simplement deux corps qui ne voulaient plus autre chose qu’eux-mêmes. Et pour quelques heures se laissant aller aux pires bêtises : elle renversa une partie de sa tartine sur lui, tandis qu’un bout de fromage flottait dans ses cheveux blonds. Il riposta par une attaque de gras de rillettes, peu longue à être vengée par du jus de mirabelles et de pêches. Ils furent collants et mal-élevés, les réserves furent très vite largement entamées mais pas les hostilités.

- Tu as des miettes absolument partout...constata finalement André, la voix enrouée d’envies soudaines.
- Et à qui la faute ? Tu n’es qu’un goret. Embrasse-moi.
- Hors de question. Et puis tu es trop habillée, cela fait désordre.
- C’est toi qui dit cela ! André Grandier, vous n’êtes qu’un sale roturier menteur et hypocrite à qui je devrais couper la langue p...
- ...pour la donner à manger aux chiens, acheva t-il en respirant plus lourdement. Ta douceur me comble d’aise. Enlève ta chemise.
- Hors de question. Parce qu’alors je serai nue, et toi pas du tout.
- Je l’ai bien fait hier.
- Oui mais tu n’avais pas la bouche pleine de gras et de toutes sortes d’aliments incompatibles.
- “Incompatibles” ?
Elle se pencha pour capter de sa langue un morceau qui tenait par miracle.
- Là, un morceau de pêche...ici une trace de beurre...là encore une...

Il interrompit le troisième effleurement d’une étreinte rude sur ses épaules, et sans sourciller se saisit des pans de la chemise d’Oscar.

- AN...ANDRÉ ! Elle ouvrit des yeux horrifiés sur le tissu réduit à l’état de loque, par terre.
- Et pire:  je vais maintenant poser ma bouche incompatible sur tes seins, parce que ce n’est pas humain de me tenter ainsi. Je ne suis qu’une victime de tes manoeuvres sournoises
- C’est...c’est un argument recevable, en effet...déglutit la jeune fille tandis qu’il s’exécutait. En...fait, je pense qu’il faudrait établir une...sorte de contrat. De pacte, plutôt.
- Mhhh...quoi ?
Il avait entre ses lèvres la pointe d’un sein, que venait-on lui parler de règles à respecter !
- Par exemple, tu vas devoir venir chaque soir me faire la lecture. Dans mon lit.
- Habillé ou non ? demanda t-il en tourmentant l’autre sein.
- Tu retireras tes vêtements, je pense.
- Et toi aussi.
- Non. En revanche chaque matin tu me nourrirais comme...à présent. Mais sans plus déchirer quoi que se soit. Et en mangeant proprement
- C’est tentant. Autre chose ?
- Oui. Me faire l’amour, André. Maintenant. Ou je vais devenir folle.


Il approuva. Et ratifia le pacte avec beaucoup de conscience.
Au fil des jours Oscar s’accrochait à la lumière de ce jeune homme, à la découverte charnelle puisée entre ses bras. Faisant l’amour parmi les fleurs, ignorés de tous, ou bien dans ce lit qu’ils ne souhaitaient guère quitter. Les marches incertaines firent place aux longues escapades à cheval, les jeunes gens riants devant tous ces souvenirs neufs nés de leur bravoure.
L’Histoire allait se charger de les ensevelir sous les larmes, mais le temps d’un été ils oublièrent jusqu’à l’existence du monde.

 

 

 

FIN

 

 

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A
Tu vas... tu vas... nous abandonner ????????????<br /> <br /> Nooooooooooooooooooooooooooooooooonnnnnnnnnnnnnnnnnnnn !<br /> <br /> Mais tu es indispensable à notre survie, tu le sais, ça ?
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R
<br /> <br /> Hihihi je ne suis pas encore partie ! Il faut finir les choses en cours...et puis je referai peut-être aussi cette fic/sucre qui devait être beaucoup plus rigolote et qui l'est pas tant que ça<br /> finalement. Allez hop, t'inquiète je mets bientôt la/les suite(s) !!!! Bisous, adorable.<br /> <br /> <br /> <br />
A
Tu raccroches les gants définitivement ? );<br /> Snif );<br /> Ca va me manquer tout tes superbes dessins et sublimes fics tu sais ...
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R
<br /> <br /> C'est super adorable ma chère Aurore !! Mais j'ai vraiment l'impression de radoter et je ne suis pas contente du tout de la toute dernière fic avec André...j'envisage même de la refaire et de la<br /> reposter quand j'aurais cogité à la chose ;) Je finis les trucs en cours, donc ce lieu n'est pas encore tout à fait déserté, bises ma belle !<br /> <br /> <br /> <br />
A
Et bien, il semblerait qu'Oscar ne se passe plus d'André dans tous les sens du terme, on la comprend aisément la petite ^^<br /> <br /> En tout cas, se fut un très bon moyen pour lui faire retrouver l'usage de sa jambe ^^<br /> <br /> Encore une très belle fic de ta part ma chère ;)
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R
<br /> <br /> Merci ma belle Aurore ! Tes messages m'ont fait très plaisir tout le long de cette petite fic. C'était la dernière sur André en tout cas Je finis cactus, je mets la suite de Jeux d'Espions (qui est en cours) et ensuite je raccroche les gants, définitivement ! <br /> :) Le blog restera ouvert mais il n'y aura plus de maj. Et je finis les dessins bien sûr...BISES et encore merci pour tous ces gentils mots !!<br /> <br /> <br /> <br />
A
Quoi de meilleur que de commencer sa journée par un chapitre de Rozam et un bon café ? Je me suis régalée de tes mots ma chère ! C'est doux, c'est hot, c'est drôle, j'adore. D'ailleurs je le<br /> relis...et je retourne sous la couette dire deux mots à mon homme !!!! MERCI ROZAM ^___^
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R
<br /> <br /> C'est adorable !!!! <br /> <br /> <br /> <br />